mercredi 29 août 2018

Archives Départementales de Vendée, cas concret de recherches au XIXème siècle : les recensements de Population

Pour le premier chapitre du cas concret de recherches au XIXème siècle sur les Archives Départementales de Vendée en ligne, j'ai choisi une des sources la plus utilisée après l'Etat Civil, les recensements de population.

La présentation de cette source sur le site des archives étant très précise et explicite, je me contente donc de la dupliquer ici même :
"Sur ce site, les listes nominatives d'habitants sont disponibles jusqu'au recensement de 1911.
Dans la salle de lecture des Archives de la Vendée, les listes nominatives sont consultables, sous forme numérique, jusqu'en 1975, en application de l'arrêté du 4 décembre 2009 portant dérogation générale pour la consultation des listes du recensement général de la population.

C'est dans un ordre géographique communal que se présentent les listes nominatives d'habitants. Pour l'Ancien Régime, on les trouve sous la forme de censiers, ces registres sur lesquels étaient inscrites les redevances dues par le tenancier au seigneur, ou bien de rôles d'impositions. Ainsi celui dressé pour l'équipement d'un milicien à La Flocellière aligne-t-il les noms de tous les chefs de feu en 1766. Pour Les Lucs-sur-Boulogne, ce sont deux listes de boisselage, cet ancien droit ecclésiastique particulier au Bas-Poitou, qui nous livrent des noms. C'est l'abbé Barbedette qui en a dressé la liste pour les années 1787 et 1796. On retrouve le curé des Lucs comme l'auteur d'un manuscrit qu'il signe à la date du 30 mars 1794, et que l'on nomme mortuage. Il y recense, pour sa paroisse, la liste des victimes des colonnes infernales le 28 février 1794 et le lendemain, 1er mars.
Les premières listes nominatives d'habitants apparaissent véritablement au moment de la Révolution avec les recensements de la population. Ces listes sont dressées village par village ou quartier par quartier, puis rue par rue, et enfin foyer par foyer. L'ordre est géographique et l'on y trouve réunies les personnes vivant sous un même toit : membres d'une même famille et domestiques éventuels. Il n'existe pas de tables des noms de personnes qui sont uniquement présentées à leur adresse.
Une série par commune va ainsi de l'an IV à l'an VI (1795-1798), elle est quasiment complète. Il manque cependant les cantons de La Châtaigneraie (district du même nom), de Saint-Michel-en-l'Herm (district de Fontenay-le-Comte), de Belleville et Mareuil-sur-Lay (district de La Roche-sur-Yon) et de Poiroux (district des Sables-d'Olonne). Ce sont les personnes de plus de douze ans qui y sont dénombrées avec les renseignements suivants pour chacune d'elles : le nom, l'âge, l'état ou la profession et l'époque de leur entrée dans la commune. Ces listes sont conservées dans la série L des Archives départementales avec les fonds de la période révolutionnaire (L 287-288).
L'Empire reprend le principe de l'élaboration de listes nominatives. Toutefois, à quelques exceptions près, on n'en a pas conservé en Vendée d'antérieures à 1816, voire à 1836. Elles sont alors régulières tous les cinq ans, ce qui donne les recensements suivants jusqu'en 1936 : 1836, 1841, 1846, 1851, 1856, 1861, 1866, 1872, 1881, 1886, 1891, 1896, 1901, 1906, 1911, 1921, 1926, 1931, 1936. Il faut noter que le recensement prévu en 1871 a été reporté en 1872 en raison de la guerre franco-prussienne, et que celui de 1916 n'a pas eu lieu.
Les listes sont établies sur la base de bulletins individuels et de feuilles de ménage. De 1836 à 1911, on trouve globalement, d’un recensement à l’autre, les mêmes renseignements d’ordre individuel, il existe toutefois des variantes qu’il est intéressant ici de signaler. Le nom et les prénoms sont donnés dans tous les recensements, de même que l’âge, à l’exception des années 1841 et 1911. De 1836 à 1876, la rubrique état civil mentionne aussi le sexe de la personne, ainsi que si elle est mariée, célibataire ou veuve. La nationalité apparaît en 1851, 1872 et 1876, puis régulièrement à partir de 1886. Le lieu de naissance n’est signalé que pour les recensements de 1872, 1876, 1906 et 1911. La position dans le ménage qui apparaît à partir de 1881, indique la situation de la personne par rapport au chef de famille, par exemple sa femme, sa mère, son fils ou sa sœur, etc. Un seul recensement, celui de 1851, mentionne la religion. Cinq colonnes sont alors proposées : catholiques romains, réformés de France ou calvinistes, personnes rattachées à la confession d’Augsbourg, israélites et autres cultes. Sur le même recensement, et uniquement sur celui-ci, une colonne est consacrée aux infirmités et maladies. Enfin on mentionne la profession à partir de 1881, et si la personne est patron, ouvrier ou employé à partir de 1901."
Je rappelle ici que pour ce cas concret, j'ai choisi la famille de MAJOU Jacques (1798-1862) et de son épouse HILLEAU Jeanne dite Marie-Rose (1801-1883), du village de la Forêt de la Réorthe, mes ancêtres à la 7ème génération, numérotés 104 et 105 selon la méthode Sosa-Stradonitz.

Tous les actes de l'Etat Civil de la famille étant quasiment retrouvés, comme vous pouvez le voir sur les arbres ci dessous, nous allons consulter les recensements de population de la commune de la Réorthe.

famille de Jacques

famille de Marie-Rose épouse de Jacques

Sur la page d'accueil du site des archives : http://www.archives.vendee.fr/



On clique sur l'onglet Consulter, 
le menu se déroule et nous cliquons sur archives numérisées.



De là, nous allons sur le 2ème item : recensements de population.


Nous sommes maintenant sur la présentation fait par les archives que j'ai dupliqué plus haut.



Il suffit maintenant d'aller sur l'onglet : choisir une commune et de taper la première lettre de la commune de notre choix, faire défiler avant de la sélectionner.

Nous sommes maintenant sur la fiche de présentation de la commune de la Réorthe.


A ce niveau, pour toutes informations sur la commune vous pouvez cliquer sur "voir la notice communale".
Pour consulter les recensements, nous cliquons sur consulter les liste nominatives de cette commune.



Sur la fiche de la Réorthe, on aperçoit que la première liste nominative conservée aux archives date de 1816.



Revenons-en maintenant à la famille MAJOU-HILLEAU
En 1816, sur la Réorthe, c'est le couple des parents de Marie-Rose, Pierre et Marie DURAND, que nous devrions retrouver sur cette liste.

On sélectionne donc la liste de 1816 et l'on consulte page par page jusqu'à retrouver ledit couple.


Sur la page 18, de la ligne 682 à 685, on retrouve ce couple avec deux enfants, dont le patronyme est orthographié ILEAU.



Il faut bien lire l'intitulé des colonnes qui dans les premières listes changent constamment.
On s'aperçoit que les âges données pour les adultes sont très approximatifs car Pierre et Marie n'ont ni 53 et 50 ans mais 44 et 47 ans ! 

Si vous retrouvez vos ancêtres mais que les âges ne correspondent pas vraiment, ne vous inquiétez pas, les listes nominatives sont faites avec des informations déclaratives et nullement justifiées par des données officielles. Sur une commune ayant un fort taux d'homonymie, il faut donc vraiment être prudent avec les listes d'avant 1836 !

Sur cette liste nominative, aucun village ou lieu-dit n'est indiqué. En effet, il s'agit d'une "simple" liste des habitants de la commune.

Nous faisons maintenant la même recherche pour la liste de 1820.
Sur la page, il vous suffit de cliquer sur le bandeau du haut pour changer d'année.


Contrairement à la liste de 1816, en 1820, les villages sont indiqués.
De page en page, nous retrouvons la famille MAJOU-HILLEAU en page 6.  
En effet, le couple s'étant marié en 1819, et ayant eu leur premier enfant, André, en 1820, on retrouve toute la famille dans la même maison dans le village de la Forêt, chez les parents HILLEAU, maintenant écrit HILAUD.


Sur cette liste, aucune profession n'est mentionnée.
Une fois de plus, les âges des adultes sont approximatifs, mais ne restons point figés sur cet état de fait !

Nous passons maintenant sur la liste de 1836.
De nouveau, aucun village n'est indiqué sur cette liste nominative.

Cette année là, les deux couples ne vivent plus ensemble. En retrouve le couple HILLEAU-DURAND page 18 dans la maison 220, puis le couple MAJOU-HILLEAU page 19 dans la maison 230, vraisemblablement dans le même village, 10 maisons plus loin.


On aperçoit que le couple MAJOU-HILLEAU accueille un pensionnaire âgé de 8 ans, Victor AUGUIN, et que leur fils aîné, âgé de 16 ans, n'est déjà plus chez eux.

Continuons de liste en liste, sachant que la famille n'a pas quitté le village de la Forêt aux vues de l'Etat-civil. 
Dans le cas contraire, il convient de consulter page par page les listes jusqu'à retrouver les personnes que l'on souhaite localiser.

On retrouvera facilement ce couple MAJOU-HILLEAU jusqu'en 1861, Jacques étant décédé en 1862, puis la veuve MAJOU jusqu'au recensement de l'année 1881, puisque Marie-Rose décède en 1883.

Je donne ici une petite astuce que j'utilise lorsque je sais, ou que je pense, que les personnes recherchées sont toujours au même endroit d'un recensement à l'autre : si par exemple en 1856, je les trouve page 12, en 1861, je vais directement à la page 12 car très souvent le recensement de la population est fait de la même façon.
Autre astuce, à la fin de la liste, il y a une récapitulatif du nombre d'habitants du bourg et des écarts, avec un rapide calcul, cela permet d'évaluer la page où l'on peut retrouver les personnes recherchées, si on connais leur localisation bien entendu.


Il faut aussi savoir que certaines communes ont classé dans la liste nominative les villages par ordre alphabétique.

Je vous donne ci dessous la liste des éléments que l'on retrouvera pour chaque année de recensement de 1836 jusqu'en 1968.


Nous voilà arrivé à la fin de ce cas concret de recherches dans les recensements de population.

J'ai essayé d'être le plus précis et concis possible pour que ce cas concret soit accessible aux plus novices des généalogistes vendéens.

Je vous retrouve d'ici peu pour suivre la famille MAJOU-HILLEAU à la recherche des déclarations de successions des membres de la famille.

jeudi 23 août 2018

Archives Départementales de Vendée, cas concret de recherches au XIXème siècle


De plus en plus, je m’aperçois que bon nombre de généalogistes ayant des ancêtres vendéens, ne sont pas au courant ou pas à l’aise avec les nombreuses ressources disponibles en ligne sur le site des archives départementales (dont la mise en ligne des premières sources date de 2003, le deuxième département de France a avoir franchi le pas).



C’est pour cela, que j’ai décidé de faire une série de billets consacrée à un cas concret de recherches au XIXème siècle dans lesdites ressources , autres que l’Etat-Civil bien entendu.

Pour se faire, je vais prendre dans ma généalogie une famille, et à partir d'icelle, je vais me servir de toutes les ressources en ligne pour compléter mon savoir sur celle-ci.

Ainsi, je permettrais aux généalogistes de mieux appréhender ses ressources et de les utiliser pour leurs propres recherches.
Bien entendu, les recherches ont déjà été faites en amont et je ne ferais qu’expliquer celles-ci.

Ce cas concret concernera la famille de MAJOU Jacques (1798-1862) et de son épouse HILLEAU Jeanne dite Marie-Rose (1801-1883), du village de la Forêt de la Réorthe, mes ancêtres à la 7ème génération, numérotés 104 et 105 selon la méthode Sosa-Stradonitz.



Grâce à eux, leurs parents, grands-parents, leurs enfants et petits-enfants, nous allons étudier :
  • les recensements de population,
  • le cadastre, 
    • les plans, 
    • mais aussi les tableaux indicatifs, 
    • ainsi que les tables des propriétaires, 
  • l’enregistrement, 
    • par le biais des déclarations de successions, 
    • mais aussi par les tables des vendeurs et des acquéreurs, 
    • tables des testaments,
  • les registres de conscription,
  • les registres matricules,
  • mais aussi le fond iconographique, 
  • nous déborderons un peu sur les guerres de Vendée, 
  • les délibérations du conseil municipal, 
  • les bulletins paroissiaux, 
  • la presse et la bibliothèque numérisées

Je vous donne donc rendez vous dans peu de temps pour commencer l’étude de ce cas concret.

Premier chapitre : les recensements de population



lundi 20 août 2018

Antoine ROYER et ses pupilles

Certains de nos ancêtres, de part leur statut d'orphelin, furent pris en charge par un tuteur, un oncle très souvent, voir un cousin germain. Mais de même, certains furent eux même des tuteurs et ont eu en charge l'éducation de pupilles.



Aujourd'hui, je vais prendre le cas particulier de mon aïeul Antoine ROYER (1781-1874), mon sosa 248, qui est par ailleurs le doyen de mes ancêtres masculins, puisqu'il meurt à l'âge vénérable de 92 ans et 10 mois.

Nous sommes en juin 1824, lorsque la vie d'Antoine, âgé de 43 ans bordier à la Brillanchère (ou Brianchère) de Foussais en Vendée, va être un peu basculé par un événement malheureusement peu rare à l'époque.

Jacques ROY, sabotier de 32 ans, le beau-frère d'Antoine, petit frère de sa seconde épouse, Catherine (1786-1834), meurt prématurément chez lui aux Hautes Guillotières de Vouvant, à quelques kilomètres de Foussais. 
Ce dernier est déjà veuf depuis février 1823. A cette date, son épouse, Suzanne GUILLEMET est décédée en mettant au monde sa fille Jeanne
Pendant plus d'un an, Jacques s'est occupé de ses filles, Jeanne, l'enfant nouveau-né et de Françoise, née en septembre 1819.

Par ce décès, Antoine devient le tuteur de Françoise et Jeanne, alors âgée de 4 ans et demi et 16 mois.

Le couple ROYER-ROY accueille sans doute avec plaisir ses fillettes orphelines, sachant qu'eux mêmes n'ont eut aucun enfant en 18 ans de mariage. 

Louis, mon aïeul, le fils unique d'Antoine, est né en 1802 de sa première union avec Jeanne TIREBOIS, décédée à l'âge de 26 ans en juillet 1804. 
Louis, maintenant âgé de 22 ans, vit d'ailleurs toujours chez son père et l'assiste à la borderie (après avoir payer un remplaçant pour partir à sa place au service militaire, mais c'est une autre histoire).

Je découvre la mention du tutorat, lorsque Antoine va faire à l'administration, à la Châtaigneraie, la déclaration de succession de son défunt beau-frère le 12 mars 1825.


De part cette déclaration, on y apprend aussi que les meubles ont déjà été vendus ...

La famille ROYER est donc maintenant composée, d'Antoine et de son épouse, de Louis, le fils unique sur le point de se marier, et des nièces et pupilles Françoise et Jeanne.

On ne peut que supposer que les pupilles ont été élevées, éduquées et surtout aimées comme leurs propres filles, mais aucune possibilité de le savoir ... quoique, on le verra plus tard ...

Quand Louis se marie au début de l'année 1826, son épouse s'installe aussi à la Brillauchère et une première naissance suit.

C'est sans doute par manque de place, que la famille prend alors en charge, à la St Michel 1828, comme de coutume, une métairie dans le village du Nay sur la commune voisine, Mervent.

Louis et son épouse enchaînent les enfants au fil des ans.

En janvier 1834, Antoine perd son épouse, Catherine. Elle meurt à l'âge de 47 ans en laissant aux bons soins de la famille ses nièces.

Lors du recensement de population de l'année 1836, on retrouve au Nay, la famille ROYER :



Peu de temps après, en avril 1837, Antoine épouse en troisième noces  Marie GUILLOTEAU (1797-1879) et Françoise est placé comme servante vraisemblablement à la même période. 
Jeanne quant à elle reste encore quelques années dans la famille ROYER, comme ici lors du recensement de 1841 :



En 1845, les deux couples ROYER se séparent (en 1842, Louis est devenu veuf et s'est remarié fin 1843) et c'est aussi sans doute à ce moment là que Jeanne part comme servante dans la commune.

Et après :

Françoise se marie en novembre 1842 à Foussais avec Jacques "René" MAUPETIT et meurt dans le village de Cul de Bray de Mervent le 14 juillet 1898 à 78 ans.

Sa soeur, Jeanne, épouse Jean BOUILLAUD, en juin 1852 à Mervent, Antoine sera d'ailleurs un de ses témoins. Le couple BOUILLAUD-ROY vivra au village du Nay, et Jeanne y décède le 3 décembre 1881 à l'âge de 58 ans.

Quels liens Antoine a t il eu avec Françoise et Jeanne dans leur vie d'adulte ?

Le fait qu'Antoine fusse le témoin du mariage de Jeanne peut laisser supposer qu'il a toujours garder un bon contact avec ses ex-pupilles.

De plus, un acte erroné peut nous mettre sur la voie d'un lien fort avec la famille de Jeanne.
En effet, lors du décès de Jeanne en décembre 1881, soit 7 ans après le décès d'Antoine, le fils de Jeanne, qui fait la déclaration du décès à la mairie, nomme sa mère ROYER au lieu de ROY et la dit fille d'Antoine ! (l'acte sera rectifié par un jugement quelques mois plus tard)



De là à penser que le fils de Jeanne considérait Antoine comme son grand père, il n'y a qu'un pas !!