mercredi 8 avril 2020

Fin de vie d'une nonagénaire

Jusqu’au décès de ma grand-mère paternelle, Léonide DUPOND veuve PONTOIZEAU, en juillet 2004 à l’âge de 99 ans, sa propre grand-mère paternelle, Marie-Rose BURGAUD veuve DUPOND, était l’aïeule de mon ascendance à avoir vécu le plus longtemps. En effet, Marie-Rose est décédée dans sa 96ème année en 1939.

Ce billet relate la fin de vie de Marie-Rose.

Marie-Rose dans les années 1930 - archives familiales - 


1936


Marie-Rose, 92 ans, vit depuis quelques temps chez son fils aîné Alexandre, 68 ans ancien maçon, et son épouse Marie-Rose MOREAU, 57 ans, dans leur maison du village dit du Moulin Rouge, sur la commune de Notre Dame de Riez en Vendée. Mère et fils font partie de la liste des « vieillards, infirmes et incurables » (loi du 14 juillet 1905) assistés par la municipalité via le bureau de bienfaisance. Marie-Rose est entré dans ladite liste dès 1913 suite à son veuvage et sur décision du conseil municipal du 16 février, et son fils plus récemment. Cette assistance consiste en une pension mensuelle, Marie-Rose la touche à taux plein, soit 50 francs (37,83 euros d’aujourd’hui), Alexandre quant à lui ne perçoit que 30 francs.

Source : Recensement de population de Notre Dame de Riez - 1936 - 

1938


Alexandre qui a eu 70 ans en avril, est tombé malade, et le 9 octobre, il fait une demande à la municipalité pour avoir « l’assistance médicale gratuite » (loi du 15 juillet 1893) afin d’avoir accès aux soins que nécessite sa maladie, une « prostatite ». 

source : Délibérations conseil municipal de Notre-Dame de Riez

Malheureusement, Alexandre meurt le 15 décembre avant que le conseil municipal n’ai pu se prononcer sur sa demande. Mais lors de la session dudit conseil le 22, l’accord est donné pour cette aide, je suppose donc que les frais médicaux furent pris en charge.

Marie-Rose alors âgé de 95 ans (une semaine avant le décès de son fils), sans doute déjà très affaiblie par son grand âge, doit affronter un deuil bien particulier.

Dès lors, elle quitte la maison de son fils, pour s’installer dans son ancien domicile, la maison que son mari avait fait bâtir en 1895, sise au lieu dit les Acacias, quartier du fief du Moulin, à quelques centaines de mètres du Moulin rouge, le long de la voie ferrée. Marie-Rose est prise en charge par son petit-fils Emile BONHOMMEAU, menuisier, et sa jeune épouse Angélina BARBREAU, âgés respectivement de 31 et 27 ans, parent d’une petite Emilienne de 10 ans. 

Maison des Acacias à la fin des années 1990 - photo personnelle - 

1939


Emile devant l’état de sa grand-mère fait, tout d’abord le 17 janvier, une demande d’assistance médicale gratuite pour des soins à domicile. Puis, après une visite de Dr POTEL le 28, sans doute alors que l'état de son aïeule s’aggrave, une nouvelle demande est faite le lendemain cette fois-ci pour une majoration spéciale de son assistance aux vieillards. Cette seconde demande, accompagnée du certificat médical, notifie une paraplégie nécessitant un alitement continuel et l’aide d’une tierce personne pour les soins, et les revenus de Marie-Rose, n’étant que d’un montant total de 90 francs, incluant son assistance mensuelle de 50 francs, ne peuvent suffire aux soins nécessaires. Le conseil municipal dans sa session du 26 février donne un avis favorable aux deux demandes d’Emile.

source : Délibérations conseil municipal de Notre-Dame de Riez

De mémoire familiale, Marie-Rose était surnommée « mémé Seigneur » de par sa piété religieuse. Ses prières journalières devaient l’aider à supporter son grand âge et son handicap. Surtout que la vie ne l’épargne pas pour autant.

En effet, sur cette même période, elle apprend que son autre fils, Louis, mon arrière-grand-père, âgé de 68 ans, vivant tout près, dans sa bourrine de la Croix Blanche, vient d’être hospitalisé en urgences à l’hôpital départemental de la Roche sur Yon (à environ 42 kilomètres) pour « une maladie cérébrale », vraisemblablement un accident vasculaire cérébral. Son épouse Eulalie BIRON, fait aussitôt une demande à la municipalité, le 23 février, d’une assistance médicale gratuite pour son époux, déjà sur la liste des vieillards assistés depuis 1931, pour les frais engendrés par cette hospitalisation.

source : Délibérations conseil municipal de Notre-Dame de Riez

Marie-Rose, après toutes ces épreuves et souffrances en fin de vie, s’éteint au cœur du printemps, le 30 mai en fin d'après midi.
Elle est inhumée près de son mari et très proche de son fils.

Louis les rejoint en 1942, suivi en 1943 par Marie, une des filles de Marie-Rose.

Aujourd’hui, dans le petit cimetière de Notre Dame de Riez, ils sont tous proches, Marie-Rose et ses enfants, petits-enfants et même son arrière-petite-fille Emilienne depuis juin dernier …




5 commentaires:

  1. C'est toujours difficile de raconter les derniers moment de vie de nos aîeuls, notamment lorsque celle-ci est ponctuée de deuils familiaux... C'est un bel hommage à Mémé Seigneur !

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  2. Encore une preuve de l'utilité des délibérations municipales ! Une fin de vie très bien illustrée, bravo.

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  3. Triste épisode joliment raconté.

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  4. Attachante Marie-Rose, et surnom révélateur de sa piété

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  5. Romain - Mes Ancêtres et Moi30 mai 2020 à 14:03

    C'est un très bel hommage à Marie-Rose, sa fin de vie est très bien raconté, heureusement que les délibérations du conseil municipal peuvent apporter ces informations si précieuses. Bravo pour avoir raconté la vie de cette Mémé Seigneur qui n'a pas été si facile.

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