samedi 15 février 2020

J'ai 45 ans et mes trisaïeux aussi !

Au printemps 2016, j'avais eu l'idée, quelques mois après mon anniversaire, de vous exposer un instantané de la vie de mes aïeux au même âge que le mien. Cet instantané décrit en quelques lignes la vie de mes ascendants, de mon père à mes arrières grand-pères, lors de leur 41 ans et 3 mois.

Aujourd'hui, pour mes 45 ans, je réitère l'exercice, mais cette fois-ci avec mes trisaïeux, mes ancêtres de sexe masculin à la 5ème génération.

Sur huit trisaïeux, seuls six ont atteint leur 45 ans. 
MAJOU Louis, sosa 26, n'a vécu que 25 années (1863-1888) et POUVREAU François, sosa 28, s'est éteint à l'âge de 41 ans (1840-1881).

Vous allez donc pouvoir découvrir, à un instant T, six vies uniques, et bien sûr différentes, six vies vendéennes entre 1871 et 1910.

Répartition géographique de mes trisaïeux lors de leur 45 ans

Les 45 ans de mes trisaïeux.


PONTOIZEAU Jean « Baptiste » Louis, sosa 16 : 45 ans le samedi 3 février 1877

Natif de la commune de Challans, Baptiste est un homme de 1.66m, boiteux, métayer en communauté familiale. Cette communauté est composée, depuis le décès du patriarche en septembre 1874, de Baptiste et de son épouse Rose MARTINEAU (1831-1881) ainsi que son beau-frère, Louis PEROCHAUD (1842-1898), et sa sœur cadette, Henriette PONTOIZEAU (1842-1880), et leurs enfants. 



La famille exploite, depuis près de 20 ans, la métairie du Caillou blanc dans le village des Chênes de Challans, appartenant et construite par la famille IGNARD. La surface d’exploitation de ladite métairie est de 53 hectares avec un cheptel (bœufs, vaches, veaux et génisses) d’une valeur d'environ 2000 francs (dont 500 francs au propriétaire). Le prix du fermage est de 1000 francs annuel.



Marié depuis 1856 avec Rose, leurs cinq enfants, Jean 19 ans, Augustin 16 ans, Marie-Rose 14 ans, Jean 11 ans, mon AGP et François 8 ans, vivent encore tous dans la communauté.
Peu de temps avant cet anniversaire, fin janvier, Baptiste et sa famille avaient mis en terre la matriarche, Marie JOLLY, dernière épouse du patriarche et mère du beau frère PEROCHAUD
Cette année 1877, sera l’année du renouvellement du bail à ferme de la métairie.


RAFFIN François « Joseph », sosa 18 : 45 ans le lundi 19 juin 1882

Joseph, du haut de son 1.56m, est maçon, mais aussi charpentier et tonnelier selon les saisons et la demande. Il demeure à la Tonnelle sur la commune de Commequiers, sa maison natale, en périphérie du bourg. 



Il y vit avec sa troisième épouse, Henriette CAILLONNEAU (1841-1914) et leurs filles, Marie-Louise 3 ans et Marguerite 16 mois. Ses filles aînées, issues de sa première union, sont placées comme servantes, la dernière Joséphine, 16 ans, mon AGM, l'est depuis quelques mois. Joseph et son épouse auront un fils d’ici une année.
En plus de ses activités professionnelles, Joseph exploite son jardin d’environ 150m² et une vigne, pour sa consommation personnelle. Le jardin et la vigne sont mitoyens de la maison de la Tonnelle. Joseph va aussi à la chasse avec son vieux fusil.



Joseph licitera avec ses filles aînées, dès leur majorité, pour obtenir la pleine propriété de la maison familiale, dont la superficie du terrain est de 3 ares dont 35m² pour la maison. 
Cette dernière, maison basse typique, qui ne compte à l’époque qu’une pièce unique, est chichement meublée.


DUPOND André Alexis prénommé usuellement « Alexandre », sosa 20 : 45 ans le mercredi 17 mars 1886

Alexandre est un journalier, blond aux yeux bleu d’1.55m. Il vit en location depuis environ 3 ans dans un logement au Port neuf, village de la commune de Notre Dame de Riez, près des marais et non loin de la Vie. Ce logement appartient à un cousin, MILCENT Henry (1832-1909). Notre Dame de Riez est sa commune natale.



Alexandre est l’époux depuis 20 ans de Marie-Rose BURGAUD (1843-1939), et le couple a eu 8 enfants dont deux fils décédés à quelques semaines. A cette date anniversaire, les deux fils aînés dont, Louis 15 ans, mon AGP, sont déjà placés comme domestique de ferme chez des oncle et grand'oncle. Ne reste au foyer que les quatre derniers : Toussaint 10 ans, Marie 7 ans, Rosalie 4 ans et Imelda 14 mois. 



La famille avait dû quitter 3 ans plus tôt, la bourrine que les beaux-parents d'Alexandre avaient acquise à quelques centaines de mètres de là, près de la métairie de la Fruchette, pour loger sa famille au début de la décennie précédente. Le délabrement de cette dernière la rendant inhabitable, la famille l’abandonne et elle fut vendue en ruines.
Une petite quinzaine d’années plus tôt, Alexandre avait eu affaire à la justice et avait connu la prison pendant une année pour une mauvaise histoire de vol.


BIRON Jean-Louis, sosa 22 : 45 ans le jeudi 9 mars 1871

Natif de la commune de St Hilaire de Riez, Jean-Louis est un journalier d’1.60m, et souffre d’asthme. Il vit depuis son mariage, en 1853, dans la bourrine de son épouse, Marie MASSONNEAU (1833-1892), au Creux Jaune près du champ de foire de la commune de Notre Dame de Riez, à plusieurs centaines de mètres de sa maison natale, la petite Martinière. 



Sa femme est enceinte de quelques mois de leur sixième fille. Il n’y a seulement que quelques mois que leur dernière-née, Eulalie est décédée peu après ses 2 ans.  
La bourrine familiale est construite sur un terrain contenant de nombreux ajoncs (d’où son nom relatif à la couleur jaune), mais aussi quelques rangs de vignes et un jardin, pour le quotidien alimentaire de la famille.



Indigente, la famille de Jean-Louis est secourue par la charité de la commune, et ses trois filles aînées sont placées comme servante dès leurs 10 ans environ.  La dernière en date, Eglantine 11 ans, l’est depuis quelques mois seulement.
A cette date anniversaire, le foyer de Jean-Louis n’a donc qu’une seule fillette, Angèle âgée de 7 ans.


BOUCHET Louis « Henri », sosa 24 : 45 ans le lundi 9 juin 1884

Henri, homme d’1.57m, est cultivateur et marchand d’osiers, mais aussi pêcheur.
Veuf depuis 2 ans d’Alexandrine CAQUINEAU, il vit avec ses six enfants âgés de 16 à 2 ans, dont le dernier, Augustin, mon AGP, a survécu au décès de sa mère une semaine après sa naissance. 
La famille d'Henri demeure dans sa maison, en bordure de la Sèvre Niortaise aux Cabanes du marais Lussaud à Damvix.



La maison est composée de deux chambres avec grenier au dessus, une écurie, un four et un fournil, et se trouve sur un terrain d'environ 8 ares. Cette maison, construite en 1855 par ses parents, lui appartient par le biais d’une donation parentale de 1878, faite de sa mère, Louise METHAYER (1806-1884). Par ailleurs, sa mère, vit avec lui, cette dernière étant veuve depuis août 1883. 
Il est aidé dans l’éducation de ses enfants par ses beaux-parents, Jean CAQUINEAU (1810-1890) et Véronique MITTARD (1822-1892) dont son beau-père toujours éclusier, malgré son âge très avancé, aux Bourdettes à quelques centaines de mètres de chez Henri



Henri est propriétaire de nombreux pré-marais et bois, dont la grande majorité lui sont venus de la donation parentale.
Henri était le père « putatif » de la fameuse Célina qui occupa une partie de mon année généalogique 2017 !


MARTIN Jules Auguste « Alexandre », sosa 30 : 45 ans le jeudi 17 février 1910

Alexandre, châtain aux yeux « châtains » d’1.72m, vit en location rue des Tombeaux dans le bourg de Benet. Il y demeure avec son épouse, Eglantine ROYER (1865-1934), et leur fils Alexandre qui vient d’avoir 18 ans. 



Père et fils travaillent pour Eugène BOURDEAU (1870-1945) comme carrier dans les carrières de Richebonne de Benet. 



Depuis mai 1908, Alexandre par le biais d’une donation faite par sa mère, Marie JOURNOLLEAU (1839-1924), est propriétaire de la nue-propriété de la maison parentale située sur le bord de l’Autise sur la commune de St Sigismond, à environ 7.5 kms de chez lui.
Alexandre est déjà grand-père plusieurs fois par ses deux filles aînées ; Alexandrine, mon AGM, 24 ans épouse POUVREAU qui vit dans le bourg de St Sigismond (environ 8 kms) et qui a trois enfants de 6 à 2 ans, et Mélina, 23 ans épouse BOUTIER, qui vit dans le bourg de Villiers en Plaine (environ 7.5 kms), qui a deux enfants dont le second vient de naître ce 14 février !
Alexandre, « assez doux de nature » à quelques soucis avec l’alcool, puisqu’il fut condamné à 1 mois de prison avec sursis quelques années plus tôt, en 1905, par le tribunal de Niort, pour « coups et blessures » sous l’emprise de l’alcool sur plusieurs personnes dont son épouse !
Il est le seul de mes trisaïeux vivants à leur 45 ans à savoir signer ...




samedi 8 février 2020

A la recherche de la vente du moulin

Par ce billet, je vais vous conter ma mésaventure de ces derniers jours lors de la recherche de la vente du moulin à vent ancestral de la Petite Martinière, sur la commune vendéenne de St Hilaire de Riez.


Ayant en ma possession la matrice cadastrale de mon aïeul Louis BIRON (1784-1837), meunier et propriétaire dudit moulin (en copropriété avec un autre farinier, un certain LOUE), matrice cadastrale portant le n° 203, je savais que la vente s'était faite peu avant son décès. En effet, la matrice indique une transcription à l'administration (mutation) en 1838, sachant que cette transcription, sauf erreur ou omission, intervient dans un délai d'environ 18 mois à 2 ans. L'acquéreur avait le numéro de matrice n° 603.



De là, rien de plus simple, la matrice n° 603 était celle de DURY veuve PROTEAU (1), de la ville de Nantes, il ne me restait plus qu'à consulter la table des vendeurs pour retrouver l'acte notarié ayant acté cette vente.


Premier problème : une lacune de table des vendeurs entre 1830 et 1840 ...
Connaissant l'acquéreur, le problème se contourne rapidement avec la table des acquéreurs de la même période qui elle n'est pas lacunaire, mais se trouve répartie en deux tables : 1830 à 1836 et 1836 à 1840. 1836 étant bien entendue l'année approximative de la vente qui m'intéresse.


Quelques minutes de recherches, et second problème, et pas des moindres, aucune acquisition faite par la veuve PROTEAU dans ce laps de temps !

Je regarde de plus près la matrice cadastrale de la dite veuve et elle mentionne un changement de titulaire de la matrice en 1842 (toujours compter le délai de transcription mentionné plus haut). Ayant déjà vu par ailleurs que ces informations de dates ne sont pas d'une précision "suisse", je me décide donc à regarder une éventuelle acquisition faite par le successeur de la matrice, un certain de la GUIMERAIS, propriétaire de la ville de Nantes, selon la matrice.

Mais non, toujours RIEN !

Je ne désespère pas, la persévérance est de mise en généalogie.

Je prends donc l'initiative de consulter l'ensemble de deux tables, qui ne représente après tout que 200 vues environ chacune ....

Et ...

Arrivé à la lettre H de la table, je tombe sur une vente, la vente de la métairie de la petite Martinière, métairie voisine du moulin, qui appartenait aussi à ladite veuve PROTEAU. Cette vente est faite en mai 1834 pour 30 000 francs à un certain Louis René HOCHEDE de la GUIMERAIS (2) !!

Et voilà, tout s'explique, le patronyme complet de monsieur de la GUIMERAIS est HOCHEDE de la GUIMERAIS ...

Quelques minutes de recherches de plus, et je tombe sur la vente recherchée du moulin, en date du 26 octobre 1836 chez Me RENAUD ... 


Il ne me reste plus qu'à attendre ma prochaine visite aux archives départementales pour obtenir cet acte de vente. 
Peu de temps après cette vente, le moulin est détruit et Louis meurt ...

En conclusion, même lorsque l'on pense avoir toutes les informations et que la recherche va s'avérer simple, c'est sans compter sur l'approximation des informations administratives du 19ème siècle !

(1) Gabrielle Josèphe DURIS (1786-1862) avait épousé en 1814 à Nantes, Jacques François PROTEAU (1740-1824). Il était l'ancien propriétaire de la rente foncière dudit moulin. Ce couple avait plus de 46 ans d'écart d'âge !
(2) Louis René HOCHEDE de la GUIMERAIS (ou GUEMERAIS) vivait à l'Echo de Derval (44) où il meurt en 1852 à 90 ans.