dimanche 29 mars 2015

La vie de "Néné LU" (1839-1924) ... 1ère partie ...

Qui était Néné LU ?

Tout d'abord, le terme néné signifie mémé en patois dans le marais poitevin. 
Alors qui est cette aïeule que l'on surnommée Néné LU à la fin de sa vie au début des années 1920 ?

Le nom LU vient du diminutif en patois du patronyme JOURNOLLEAU = JOURNOLLU.

Néné LU était donc ma sosa n° 61 à la 6ème génération : JOURNOLLEAU Marie, l'arrière grand mère de ma grand mère maternelle POUVREAU Louise ...  

Cette appellation de Néné LU m'a été transmise par ma grand'tante RENAUD Suzanne (ma "marraine" généalogique) au début de mes recherches, lors de mes séjours généalogiques chez elle et son mari, BOUCHET Armand mon grand oncle maternel, à la Garenne de Ste Christine (85).

Vue Google Street View, l'allée qui mène à la maison de mes grand'oncle et tante à la Garenne, c'est cette même allée qui mène à la maison où Néné Lu vivait à la fin de sa vie ...
En effet, ma grand tante a connu dans son enfance au début des années 1920 (elle était née en 1915) dans ledit village de la Garenne, cette vieille voisine, apparentée par son second époux, que l'on surnommée donc Néné LU. D'ailleurs, cette vieille aïeule n'avait plus "toute sa tête" à la fin de sa vie ... Quelques années plus tard, en 1950, Suzanne deviendra la belle soeur de l'arrière petite fille de Néné LU, ma grand mère Louise ...

Maintenant, voici en quelques paragraphes la première partie de la biographie de Néné LU :

JOURNOLLEAU Marie

Née le 25 mai 1839 dans le bourg de Ste Christine, dans la marais poitevin. Son grand père maternel, GUILLOT Louis 58 ans et son oncle GUILLOT François 21 ans, meuniers du moulin de la commune, déclarent la naissance à la mairie.

Extrait du cadastre de Ste Christine datant de 1835
Fille de Pierre (1797), domestique puis journalier, et de GUILLOT Françoise (1812), servante, journalière, mariés depuis le 26 juin 1833.
A sa naissance, ses père et mère étaient âgés de 42 ans et 26 ans. 
Deuxième enfant de Pierre et Françoise, en effet avant Marie, le couple avait eu une petite Françoise en juin 1834 mais qui meurt en novembre 1837. 

Quelques années avant sa naissance, de grands travaux furent réalisés dans le lieu de vie de la famille, un bras de l'Autise fut canalisé pour créer le canal de la vieille Autise qui fut mis en service en 1833. Long de 10 kilomètres, il permet de relier la cité de Courdault, à la Sèvre Niortaise à La Barbée sur la commune de Damvix, via St Sigismond. 

Port de St Sigismond sur le canal de la vieille Autise
La vie de Marie va se dérouler près de ce canal.

Dans la prime enfance de Marie, ses grands parents paternels Pierre (né en 1763) et BOEUF Marie (née vers 1762) se font construire une petite maison dans le nouveau village du fief du bois du Breuil créé près du canal sur la commune de Ste Christine. Malheureusement avant la fin de la construction sa grand mère meurt en mai 1843. La maison finit, la famille avec le grand père s'y installe quelques temps avant le décès de ce dernier en janvier 1844. Pierre, le père de Marie, ayant financé la construction, hérite de cette maison, ainsi que la petite vigne attenante. 
Le village change de nom l'année suivante et devient la Garenne.

Extrait du cadastre de Ste Christine datant de 1835

Marie devient la grande sœur de Pierre en février 1847, puis quelques années plus tard de Clémentine en février 1853. Dans cette même période, Marie assiste à Ste Christine au mariage de ses oncles maternels, François, Jacques et André.

Marie est devenue adolescente, elle est placée comme servante. On la retrouve lors du recensement de population de 1856, chez la veuve BERTON, SOULISSE Louise au Prieuré près du bourg de Ste Christine, le Prieuré compte pas moins de 10 domestiques ou servantes (beaucoup natifs de la Garenne dont ses futures belles sœurs FLEURET).

Entrée du Prieuré au début du 20ème siècle
Les grands parents maternels de Marie, Louis (né en 1781) et POUSSON Marie (née en 1790), devenus âgés ont quittés le moulin de Ste Christine (qui sera détruit vers 1867) et se sont installés chez leur fils François au moulin dit Guérinet sur la commune de St Georges de Rex (79) où ils meurent respectivement en 1858 et 1860.

Marie est maintenant une jeune fille, et sans doute grâce à sa tante maternelle, GUILLOT Marie (décédée en mai 1861) épouse de CHABOT François charpentier de son état, qui vit sur la commune de Coulon (79), elle trouve une place de servante sur ladite commune. Là, à la métairie de Mantais, Marie rencontre un jeune domestique MARTIN Louis Alexandre usuellement prénommé Alexandre. Ce dernier vient d'être exempté de service militaire car son frère aîné Auguste y est. 

Marie, âgée de 23 ans et Alexandre, âgé de 21 ans se marient le 20 octobre 1862 en la mairie de la commune de Coulon. Sont présents les parents de Marie, ainsi que le père d'Alexandre, Abraham journalier de 53 ans de Niort (79). Sa mère, RIBRAULT Marie est décédée lors qu'il n'était qu'un enfant en 1847. Aucun membre des familles comme témoin, Alexandre et Marie ont choisi des amis. Alexandre signe l'acte, Marie déclare ne le savoir faire.


Le jeune couple s'installe dans le bourg de St Sigismond à environ 1 kilomètre de la Garenne en longeant le canal de la vieille Autise le long du chemin de hallage. Alexandre est journalier.

C'est là, que le premier enfant de Marie et d'Alexandre voit le jour le 17 février 1865, Jules Auguste Alexandre, l'enfant sera usuellement prénommé Alexandre comme son père. (il est mon sosa n° 30 à la 5ème génération).

Signature d'Alexandre père
Le dernier jour de cette dite année 1865, le père de Marie, Pierre, meurt dans sa maison à la Garenne à l'âge de 68 ans à 11 heures du matin.

Recensement de Population de St Sigismond, le bourg, 1866

En 1868, Pierre, le petit frère de Marie, entre au service militaire comme Garde Mobile au 35ème Régiment de marche mobile (Armée de Paris).

Après quelques années de mariage, en décembre de ladite année 1868, le couple réussi à acheter un terrain de 6 ares environ, près du chemin de hallage à la limite des communes de St Sigismond et de Ste Christine, sur des parcelles dites "les Bourgnons", à quelques centaines de mètres de la Garenne. Cet achat a été concrétisé par la vente de terres en août qu'Alexandre avait hérité de sa mère. La transaction avec GELLE Pierre est faite sous seing privé pour un montant de 150 francs payable à la St André de 1869, soit le 30 novembre.

Le 30 janvier 1870, Marie met au monde son deuxième fils, Joseph Aristide Cyprien, usuellement prénommé Aristide, dans le bourg de St Sigismond.
Peu de temps après, au cours de l'année 1870, Marie et Alexandre font construire une maison sur leur terrain, avec l'aide du maçon de St Sigismond, PERRIN Jean, et s'y installent. Ils deviennent cultivateurs, Marie est souvent dite ménagère.

Extrait Google Maps

En juillet 1870, la France entre en guerre contre la Prusse, Pierre, le frère de Marie y participe du 16 septembre au 7 mars 1871.

Nous sommes maintenant, en 1872, et le 3 mars, Marie accouche d'une petite fille, Joséphine Marie Louise, usuellement prénommée Marie.
Et, à la fin de ce même mois, le 31 mars, Abraham, le beau père de Marie meurt à l'hospice de Niort à l'âge de 63 ans.

Recensement de Population de St Sigismond, l'Autise, 1872
Puis en octobre de cette même année 1872, Alexandre assiste au mariage de son frère aîné, Auguste âgé de 32 ans, le 8 sur la commune de St Liguaire en périphérie de Niort et seulement 2 jours plus tard, son autre frère, prénommé Abraham comme son père, meurt à 25 ans dans la ville de Rennes où il était installé comme brossier après son service militaire.

Pierre, le frère de Marie, domestique après son retour de son service militaire, épouse une jeune servante de la commune de Ste Christine, PIGEAUD Alexandrine âgée de 21 ans, le 20 octobre 1873. Alexandre est le témoin de son beau frère.
Clémentine, la jeune soeur de Marie, maintenant domestique chez BERNARD Louis cultivateur sur le village d'Anjugé de la commune de Benet à quelques kilomètres de la Garenne. Là, elle y rencontre son futur époux GELOT Ferdinand domestique dans la même ferme ! Ferdinand épouse Clémentine le 18 janvier 1876, Alexandre est le premier témoin de l'épouse, son frère Pierre le deuxième.

Recensement de Population de St Sigismond, l'Autise, 1876
La mère de Marie, GUILLOT Françoise, âgée d'une soixantaine d'années, journalière et veuve depuis près de 10 ans maintenant, dont les enfants sont élevés, décide de reprendre une place de servante. Elle quitte sa maison de la Garenne, où vit maintenant sa fille Clémentine et son mari. Françoise est d'abord servante sur la commune deux-sévrienne d'Arçais puis au printemps 1876 dans la ferme de Gorge Bataille à Benet chez un propriétaire veuf depuis décembre 1874, CHARRIER François.
Un an plus tard, le 11 juillet 1877, Alexandre et Marie assiste au mariage de Françoise avec son patron. Françoise et François ont tous les deux 64 ans. Alexandre est le témoin de sa belle-mère.

A cette époque, en plus de la culture de la terre, Alexandre et son beau frère Pierre deviennent scieurs de long, en effet depuis une trentaine d'années la culture des peupliers se développe dans le marais et la première scierie mécanique est apparue au début de la décennie.

Carte postale d'illustration
Puis à l'automne, c'est la catastrophe pour Marie, Alexandre meurt chez lui sur le bord du canal de la vieille Autise à 19 heures le 7 octobre à l'âge de 36 ans. Le lendemain matin c'est Pierre qui déclare le décès de son beau frère à la mairie. Marie, âgée de 38 ans, se retrouve seule avec ses enfants, Alexandre 12 ans, Aristide 7 ans et Marie 5 ans. On peut supposer que son frère l'aide à affronter cette difficile période.

Acte de décès registre EC de St Sigismond
Le 3 avril 1878, Marie se rend à l'administration, au bureau de l'Enregistrement du canton à Maillezais, déclarer la succession de son défunt époux et les biens de la communauté :
biens immeubles : au Bourgnon de St Sigismond, une maison et quaireux sur un are.
biens mobiliers : deux lits estimés à 40 francs, une armoire estimée à 20 francs, une met estimée à 3 francs, 3 chaises estimées à 1 francs, 6 draps pour 9 francs et enfin linges et hardes à usage personnel des époux estimés à 6 francs.

A l'automne 1879, Françoise, la mère de Marie, autorisée et assistée de son second époux François CHARRIER, décident de faire le partage des biens de la Garenne entre ses enfants. Le 8 octobre, la famille se retrouve dans la maison de la Garenne pour la venue du notaire de Maillezais, Me GARNIER. Clémentine reçoit la maison familiale, soit le tiers nord de la parcelle, Pierre reçoit quant à lui, les deux tiers restant de la parcelle, et Marie est dédommagée par ses frère et sœur par une soulte de 366.66 francs au total. Par ce même acte, Pierre achète à sa sœur Clémentine la maison ...

Malgré cet héritage, les premières années du veuvage sont sans aucun doute très difficiles, Marie est de nouveau journalière et son fils aîné Alexandre quitte l'école pour devenir aussi journalier.

Recensement de Population de St Sigismond, l'Autise, 1881, avec le report d'Alexandre oublié !
Les saisons passent au rythme du marais ...

Marie a maintenant la quarantaine, elle est ménagère et elle épouse à l'âge de 45 ans, le 26 mai 1884 un veuf de la Garenne, FLEURET Jacques (né le 29 décembre 1833) cultivateur âgé de 50 ans. Marie connait Jacques depuis longtemps puisqu'ils ont grandit tous les deux à la Garenne et qu'il est le frère des anciennes collègues de Marie lorsqu'elle était servante au Prieuré, Henriette (future grand-mère de ma grand'tante RENAUD Suzanne) et Françoise. Ce dernier est veuf de GACHIGNARD Henriette depuis février 1882. (FLEURET Jacques est donc le grand oncle de RENAUD Suzanne).



Quelques jours avant son union, le 17 mai, Marie, avait fait faire par Me GARNIER, notaire à Maillezais, l'inventaire des biens meubles de sa maison pour protéger ses enfants mineurs issus de sa première union. Le totale de la prisée s'élève à près de 600 francs dont 200 francs de moutons. Cet inventaire a été fait en présence d'Auguste MARTIN, l'oncle et tuteur desdits enfants de Marie.

A peu près à cette même période, le fils aîné de Marie, Alexandre, domestique âgé de 19 ans a rencontré une jeune fille de la commune de Mervent au nord du marais à une petite trentaine de kilomètres, ROYER Eglantine âgée de 18 ans (dont je vous ai parlé lors de mon billet sur ma lignée cognatique), cette dernière tombe enceinte à l'été ! A la fin de l'hiver, le 2 mars 1885, Eglantine met au monde une petite Alexandrine (mon arrière grand mère sosa n° 15) chez une accoucheuse sur la commune de Vouvant. Alexandre reconnait l'enfant et le déclare à la mairie. Marie est donc devenue pour la première fois grand mère.
Quelques semaines plus tard, le 16 juillet 1885 Alexandre épouse Eglantine sur la commune natale de cette dernière, Mervent, Marie assiste au mariage.

Première partie de l'acte de mariage MARTIN-ROYER, EC de Mervent
C'est chez son beau père qu'Alexandre et sa petite famille s'installent sur le village de la Jamonière. Entre temps, Alexandre était allé au conseil de révision, on a appris qu'il était un jeune homme châtain d'1,72m et qu'il était apte au service.

Première partie de la fiche matricule du fils aîné de Marie
GUILLOT Françoise, la mère de Marie, s'est éteint cette même année 1885, le 28 novembre au matin, chez elle au village de Nessier de Benet à l'âge de 73 ans. (son second époux CHARRIER François meurt une dizaine d'années plus tard au même lieu le 9 février 1896 à 83 ans).

En 1886, Aristide, le second fils de Marie, est aussi domestique et ne vit plus avec sa mère, lors du recensement de population de ladite année.

Recensement de Population de Ste Christine, la Garenne, 1886
En fin d'année, le 1er décembre, Alexandre, l'aîné de Marie, est incorporé au 93ème Régiment d'Infanterie de la Roche sur Yon, chef lieu du département. Sa jeune épouse, Eglantine, est enceinte de son second enfant, elle vient s'installer, avec sa petite Alexandrine âgée d'une vingtaine de mois, chez Marie et Jacques à la Garenne pour finir sa grossesse. Et, le 6 janvier 1887, une petite Mélina vient au monde et c'est Jacques qui déclare la naissance à la mairie quelques heures seulement après la naissance. Marie est grand mère pour le seconde fois et sans doute elle est heureuse d'avoir chez elle ses deux petites filles, qui grandissent avec leur jeune tante Marie.

Marie a 50 ans le 25 mai 1889.

Au printemps 1890, Aristide, le second fils de Marie, passe au conseil de révision au chef lieu du canton, à Maillezais. On apprend qu'il mesure 1,69m et surtout qu'il est borgne de l'oeil gauche. Aristide est donc exempté à cause de son handicap.

registre de conscription de Fontenay le Comte, canton de Maillezais, classe 1890
Fin mars 1891, Alexandre, le fils de Marie, est enfin libéré du service militaire et rentre retrouver sa famille. Le couple s'installe avec leurs deux fillettes dans la maison du Bourgnon sur le bord du canal de la vieille Autise. Là, Alexandre reprend son activité agricole. Marie doit trouver sa maison bien vide mais les deux habitations ne sont distantes que de quelques centaines de mètres.
L'avant dernier jour de ce mois de mars, Marie perd sa tante maternelle GUILLOT Françoise qui meurt à la Garenne âgée de 68 ans et épouse en troisièmes noces depuis seulement 18 mois de GUENON Pierre. Cette dernière avait léguée à Marie par testaments, de juillet 1890 et du 21 mars, quelques jours avant son décès, sa garde robe et son linge d'une valeur totale de 175 francs en récompense des soins apportés, et la moitié indivise dans une pièce de marais de 75 ares.

Recensement de Population de Ste Christine, la Garenne, 1891
Quelques semaines plus tard, Clémentine, âgée de 38 ans, la jeune sœur de Marie, devient veuve. Son époux, GELOT Ferdinand est décédé le 28 juin le jour de ses 38 ans dans la ferme des Chênes sur la commune de Benet. Clémentine et ses 4 enfants âgés de 13 à 2 ans, peuvent compter sur l'aide des beaux parents de Clémentine, Louis et Jeanne, qui vivent près d'eux dans ladite ferme des Chênes.

C'est durant l'été 1891 que Marie apprend qu'elle va devenir grand mère pour la troisième fois. Sa belle fille Eglantine est en effet enceinte après le retour de son époux. Avant l'accouchement, comme de tradition dans le monde agricole à la St Michel (le 29 septembre), la famille prend une ferme dite le grand bois sur la commune de Benet, non loin de la ferme où vit la tante d'Alexandre, Clémentine. L'entrée dans les lieux fut organisée lors de la signature d'un bail en juin chez Me GIRAUD, où Marie et son époux sont cautions pour le jeune couple. C'est dans ladite ferme, qu'Eglantine met au monde son fils Jules Alexandre, usuellement prénommé Alexandre (comme son père et son grand père), le 27 janvier 1892 au matin. Marie accueille donc son premier petit fils.

A suivre ...



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