samedi 21 décembre 2019

Noël, une date, des aïeux

Le 15 décembre dernier, Sophie BOUDAREL, la généalogiste et blogueuse de la Gazette des Ancêtres, propose sur Twitter de dévoiler nos aïeux prénommés Noël.



Je me suis donc mis à la recherche dans mon logiciel de généalogie de mes Noël.

Ils sont au nombre de 5, et 4 d'entre eux sont de la même génération nés aux environs de 1600. Le cinquième, grand-père de l'un des 4 autres est quant à lui né au début du troisième quart du 16ème siècle. Bien sûr, ces aïeux sont issus du territoire du Bas-Poitou.

A quelques jours de Noël, et pour mon dernier billet de l'année, j'ai donc pris la décision de vous présenter ces 5 aïeux en 100 mots chacun.


La vie de "mes" Noël


Noël MARTIN est né vers 1560, vraisemblablement sur la paroisse de Fontaines, non loin de la capitale du Bas Poitou, Fontenay le Comte. Ses parents me sont inconnus, mais je lui connais une sœur, Marie, mère de Nicolas CARDIN (peut-être un aïeul). Après le décès de sa sœur, Noël devient le curateur de Nicolas, qu’il placera en pension chez un marchand cordonnier en 1586.
Mention de Noël MARTIN dans un acte notarié de 1589 chez Me LYMONNEAU à Fontenay (85)
Fabriqueur de Fontaines et maréchal ferrant dans le bourg, il épouse vers 1590 Perrette COUAILLEAU. Le couple aura au moins trois enfants, Mathurin, Gabrielle et Marguerite, avant le décès prématuré de Noël dans les premières années du 17ème siècle.

Noël CYBARD est né vers 1615 sur la paroisse de Maillé, fils de Gabrielle MARTIN et donc petit fils du précédent. Son père, dont je ne connais pas le prénom, est le fils de Jacques CYBARD, second époux de sa grand-mère maternelle Perrette COUAILLEAU.
Marié vers 20 ans avec Michelle GODILLON, du même âge. Le couple aura au moins trois enfants qui s’unissent, Nicolas né vers 1638, Louis né vers 1645 et la dernière Michelle née en 1652.
Acte de baptême de Michelle de juin 1652 à Maillé (85), dernière fille de Noël
Je ne connais pas la profession exercée par Noël durant sa vie.
Noël meurt avant 1667 dans la force de l’âge …

Noël BOUTIN est né vers 1600, en périphérie de Fontenay. Ses parents me sont actuellement inconnus. Je lui connais une sœur, Catherine (vers 1609-1669), aussi mon aïeule avec son époux Mathurin MOTET.
Meunier de profession et marié vers 1625 avec Jeanne DEBOUTE, jeune fille d’une vingtaine d’années.
Jeanne donne au moins cinq enfants à Noël : Jacques, Nicolas, qui sera sergent royal, Jeanne née vers 1636, Pierre né vers 1639, mon aïeul, et enfin Jean qui sera farinier à Puy de Serre.
Noël et Jeanne meurent avant le 8 avril 1670, date du contrat de mariage de leur fils Pierre.
Extrait du contrat de mariage de Pierre, fils de Noël, d'avril 1670 chez Me FEVRE à Fontenay (85)


Noël BESSONNET est né vers 1605, vraisemblablement sur la paroisse de Coëx. Il est mon seul aïeul paternel à porter le prénom de Noël. Ses ascendants me sont inconnus.
Marié avec Mathurine GRONDIN aux débuts des années 1630, je connais deux filles nées du couple, Anne alias Jeanne, mon ancêtre et Jeanne, nées respectivement en 1635 et 1639 à Coëx.
La profession de Noël m’est inconnue.
Noël meurt deux jours après le noël 1655 à environ 50 ans, après avoir assisté au mariage de sa fille Anne l’année précédente. Sa veuve meurt le 30 mai 1669 à environ 60 ans. 
Acte de sépulture de Noël BESSONNET en décembre 1655 à Coëx (85)


Noël BABIN est né vers 1611 sans doute dans le marais poitevin. Ses parents et son épouse me sont inconnus à l’heure actuelle.
A une certaine époque, je l’ai confondu avec son homonyme contemporain vivant sur la ville voisine de Niort, avant de m’apercevoir de l’homonymie.
J’ai retrouvé deux enfants de Noël, Laurence et Louis, mon ancêtre. Les deux se sont unis sur la paroisse de Coulon, Laurence en 1663 et Louis en 1670.
Je retrouve Noël que lors de son inhumation dans le petit cimetière de Coulon le 8 février 1686 à l’âge de 75 ans.
Acte de sépulture de Noël BABIN en février 1686 à Coulon (79)


Et ce dernier billet, me donne aussi l'occasion de vous souhaiter à tous, mes fidèles lecteurs, 
de très joyeuses fêtes de fin d'année !!!

samedi 5 octobre 2019

Des actes notariés par centaines


Comme vous avez pu le lire dans mon billet de bilan de recherches sur ces dernières années (accessible ici), je me suis concentré sur mes ancêtres du 19ème siècle afin d’y exploiter toutes les sources disponibles pour mieux affiner mes connaissances.

Une des sources la plus prolifique est bien entendu les actes notariés.


En effet, nos ancêtres pour gérer leur vie quotidienne devaient très souvent se rendre chez un notaire.
Chaque ancêtre doit y être allé au minimum une fois durant son existence.

Mes derniers séjours aux archives départementales de Vendée, principalement, et des Deux-Sèvres, ont été consacrés quasi exclusivement à la consultation de cette source.



La diversité des actes notariés nous apporte une multitude d’informations complémentaires pour une meilleure connaissance de nos aïeux.

Certaines informations, que je considère comme « basiques » dans la vie de nos aïeux, vous seront seulement connues par le biais d’un acte notarié. 
Un seul et simple exemple :  
mon aïeul Louis MARTINEAU (1796-1857) s’installe à la Bigotterie de Challans, en Vendée, d’après l’état civil (la naissance de ses enfants) et les recensements de population de 1836 et 1841. Grâce aux actes notariés, je vais apprendre qu’en fait il ne vivait pas à la Bigotterie mais dans une borderie proche dudit lieu, le petit Breuil. Je vais aussi apprendre à quelle date il y est entré et sorti grâce aux baux qu’il a contractés avec le propriétaire, qui n’est autre que son oncle maternel, et je vais aussi apprendre plusieurs choses sur les finances de mon aïeul.

La collecte d’actes notariés est chronophage, il ne faut pas se voiler la face, mais tellement essentielle à tout "bon" généalogiste voulant approfondir la biographie ancestrale et non pas se contenter d’un arbre généalogique insipide.

Comment connaitre le mobilier, les outils ou le cheptel de nos ancêtres sans les actes notariés ?
Comment estimer le niveau de vie de nos ancêtres sans les actes notariés ?
Comment connaitre la gestion d’une communauté familiale sans les actes notariés ?
Comment connaitre les dernières volontés de nos ancêtres sans les actes notariés ?

La liste pourrait être encore longue mais vous ne pouvez pas passer à côté de la joie généalogique de tomber un acte notarié que jamais vous ne cherchiez, et qui vous amène à moult réflexions sur vos ancêtres et leur vie quotidienne.

Alors comment trouver ces actes notariés ?


L’accès direct à ces actes n’existe pas mais l'on peut y accéder par plusieurs biais.

Lors du ChallengeAZ 2017, je vous avais indiqué une piste pour accéder aux actes notariés avec, bien entendu, la série Q dite des "Domaines, Enregistrement et Hypothèques", et ses diverses tables établies, pour rappel :
  • Les tables des contrats de mariage : jusqu'au 31 décembre 1865.
  • Les tables de successions : trois types de tables existent jusqu'au 31 décembre 1824 : 
    1. tables des extraits de sépulture et personnes réputées mortes après une longue absence, 
    2. tables des inventaires après décès, 
    3. tables des successions acquittées. 
      • Une table unique à partir de 1825 : la table des successions et absences.
  • Les tables des testaments : trois types de tables jusqu'en 31 décembre 1824, refondues en une seule jusqu'en 1865.
  • Les tables des vendeurs et acquéreurs : quatre types de tables existent de la fin du XVIIIe siècle jusqu'en décembre 1824 : 
    1. tables des vendeurs et anciens possesseurs, 
    2. tables des acquéreurs et nouveaux possesseurs, 
    3. tables des partages, 
    4. tables des copartageants. 
      • Deux tables subsistent jusqu'en 1865 : 
      1. table des acquéreurs et nouveaux possesseurs, 
      2. table des vendeurs et anciens possesseurs.
  • Les tables des baux : elles subsistent jusqu'en décembre 1865.
Vous pouvez retrouver mon billet en question ici.

Ensuite lorsque vous connaissez le ou les notaires du secteur concerné par vos ancêtres, vous pouvez consulter leurs répertoires (s’ils ont étaient conservés). Cette consultation peut être aussi longue et facétieuse, comme vous pouvez le voir ci-dessous !


Une astuce, toujours consulter une liasse entière en feuilletant tous les actes, le hasard vous apporte des surprises ! (Voir mon billet ici).

Souvent un acte notarié va vous signaler la référence d’un ou plusieurs autres actes et ainsi de suite. 
La référence d’un acte notarié est aussi assez souvent mentionnée dans les déclarations de succession.

Après la collecte, la gestion.


Une fois collectés, vous devez avoir une bonne gestion de ces actes notariés car très vite vous allez vous retrouver avec des centaines d’actes. Pour cette gestion, j’ai créé un fichier Excel avec une ligne par ancêtre cité dans un acte retrouvé. Sur cette ligne toutes les informations me permettant d’accéder rapidement dans mon classement à l’acte concerné.


Pour finir ce billet, je tiens à vous dire que ma vie généalogique actuelle serait bien fade sans les actes notariés.

Alors, si vous avez envie de donner un peu de "pep's" à votre vie généalogique pensez aux actes notariés !!


vendredi 20 septembre 2019

Un RDVAncestral furtif


Nous sommes samedi matin, le 21 septembre. C’est bientôt la fin de l’été. Ce weekend a lieu notre cousinade bisannuelle.

Je suis encore au lit et je peine à me lever. Je ferme les yeux et je replonge dans un léger sommeil …

Je sursaute au tintement des cloches, onze coups. Je suis assis sur un banc sur la place de l’église dans un bourg que je ne connais pas. Que s’est-il passé ? Où suis-je ?

En regardant autour de moi, les tenues vestimentaires des quelques personnes qui vaquent à leurs occupations me semblent désuètes. A quelle époque suis-je donc ?


Il fait déjà chaud et j’ose interpeller une vieille dame, avec son fichu sur la tête et son cabas sous le bras, qui se déplace avec une canne :

« Bonjour madame, ma question risque de vous surprendre mais pouvez-vous me dire quel jour nous sommes ? »
« Bonjour monsieur, ma foi, nous sommes le 11 août »
« Le 11 août, c’est bien cela mais de quelle année ? »
« Comment ça vous ne savez quelle année nous sommes ?? »
« Oui je sais cela peut paraître surprenant mais non je ne le sais pas ! »
« Vous me semblez bizarre monsieur, mais je vais tout de même vous répondre, nous sommes en 62 »
« Merci beaucoup madame je ne vous dérange pas plus longtemps, bonne journée »

Me voilà donc le 11 août 1962 dans un village que je ne connais pas … quelle diablerie encore !

Je me décide à faire quelques pas pour découvrir ce village et essayer de retrouver son nom, sans à avoir à le demander pour ne pas paraître encore plus « bizarre ».

Je me dirige donc vers l’entrée du bourg pour y découvrir le panneau indicateur et je lis : Saint Jean de Boiseau
Sans avoir eu le temps de réfléchir, une voiture d'époque, une Renault 4 chevaux de couleur vert amande, s’arrête à mon niveau. 


Au volant, un jeune homme d’environ 25 ans, et côté passager, un homme d’une soixantaine d’années, l’un et l’autre semble ne pas être d’accord et le jeune homme ouvre sa portière et me demande :

« bonjour, nous cherchons la maison de Joseph BLANCHARD, vous savez par où c’est ? »

Et là, je suis stupéfait, je viens de comprendre, mon cerveau bouillonne et mon cœur bat très fort. Je peine à répondre sans bafouiller :

« bonjour, désolé mais je ne suis pas d’ici, je ne pourrais pas vous renseigner »
« ah tant pis alors »

Le jeune homme referme sa portière et l’homme plus âgé agacé s’emporte. Avant que la voiture ne reparte, j’aperçois à l’arrière une très jeune femme avec un bébé dans les bras, et aussi une quinquagénaire qui semble être tout aussi agacée que le passager avant.

Je n'en reviens pas, je suis tout chamboulé, ce voyage temporo-spatial complètement surréaliste vient de me mettre furtivement en contact avec mes parents et grand parents paternels, ainsi qu’avec ma sœur aînée (alors qu’un nourrisson) !

En effet, en août 1962, ce sont les premières vacances où mon père, jeune papa (avril) et jeune marié (octobre 1961), mais surtout, jeune conducteur après l’obtention de son permis (septembre 1961) et l’achat de sa première voiture, a pu conduire ses parents de Charente-Maritime vers la Loire Atlantique. Cette expédition pour voir, tout d’abord, leur fille aînée (à l'époque concubine de Joseph BLANCHARD), avant de redescendre en Vendée revoir leur fratrie, neveu et cousins. Ce sont donc aussi les premières vacances estivales de mes parents …

Pour mon père, c’était une grande fierté de pouvoir emmener ses parents et sa famille en vacances, il a été le premier à obtenir son permis de conduire !


mardi 23 juillet 2019

Le curé, le maire ... et son cousin

Une fois n'est pas coutume, dans ce billet, je ne vais pas parler de mes ancêtres.

En feuilletant le journal hebdomadaire "le bulletin de la Vendée" de l'année 1891, sur le dernier numéro de l'année, en date du 26 décembre, je suis tombé sur un article qui m'a donné envie d'en écrire un billet.


Nous sommes donc le matin du 11 décembre 1891 dans la bourgade vendéenne de Bouillé-Courdault, qui compte en cette dite année 662 habitants.

L'église est en cours de travaux, en effet son état déplorable nécessitait la reconstruction d'un mur de la nef qui menaçait ruines, la réfection de la couverture, le remplacement de la charpente de la nef et du chœur en partie pourrie (source : délibérations du conseil municipal). 



Monsieur le maire, ayant appris que monsieur le curé s'était permis de donner des ordres quant audits travaux, décide d'aller s'expliquer avec ce dernier.

Le ton monte, les deux hommes s'énervent et l'édile, monsieur MAINARD, "tombe foudroyé" ...
On le ramène chez lui, mais quelques heures plus tard, il passe de vie à trépas.

la patronyme écrit MESNARD, alors que le maire signait bien MAINARD !

Jacques MAINARD était maire depuis octobre 1878, suite au décès de l'ancien maire Pierre MOREAU.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là :
Quelques jours plus tard, le 15, l’enterrement du maire est prévu en début d'après-midi.
Jacques GOUSSEAU, un cousin germain du défunt et son ancien premier adjoint, vivant dans le village de Courdault, est en chemin pour assister à la cérémonie, quand il succombe brutalement à une rupture d'anévrisme !



En janvier 1892, le conseil municipal élit un nouveau maire, Pierre DEBOIS ... le gendre de Jacques MAINARD.

Voici donc ce que je peux écrire suite à la lecture de l'article suivant :




samedi 13 juillet 2019

Rose, une invisible vendéenne du XIXème siècle - Deuxième partie

Dans la première partie, nous avons pu voir le cheminement de vie de mon aïeule Rose MARTINEAU, entre sa naissance en 1831, dans le lieu-dit le moulin de la Chaussée de la commune vendéenne du Perrier, dans le marais breton, et l'année 1864, quelques années après son mariage, installée en communauté familiale dans sa belle famille, les PONTOIZEAU, dans une métairie neuve dite la métairie du Caillou Blanc dans le quartier des Chênes de Challans.

Tableau de Julien DUPRE (1851-1910)

Nous allons donc retrouver Rose, au printemps 1865, lorsqu'elle se rend compte de sa quatrième grossesse (hors fausses couches totalement impossible à quantifier sauf propos familiaux).

Le 10 septembre, vers 18 heures, Rose met au monde mon arrière grand père, Jean Baptiste, dans le logement de la métairie du Caillou Blanc. 
Baptiste va faire la déclaration à la mairie le lendemain matin avec Jean "Louis" PEROCHAUD, le fils de sa belle-mère, maintenant domestique au Caillou Blanc.



Peu après, Rose apprend que sa sœur aînée, Marie (1826-1870), épouse de Pierre BABU (1824-1877) depuis 1850 et qui vit sur la commune de Notre Dame de Riez à quelques kilomètres, a aussi accouchée le 10, mais quelques heures plus tôt, de son septième et dernier enfant, une petite Aimée Adélaïde.

Au Caillou Blanc, Rose voit que Louis, le fils de sa belle-mère et sa belle-sœur Henriette, se  sont rapprochés au fil des mois, depuis que ce dernier est venu en renfort à la métairie.

Ayant "fait pâques avant les rameaux", les deux tourtereaux se marient rapidement, avec l'accord parental, le matin du 29 janvier 1866 à Challans. A cette date, Henriette est enceinte de plus de six mois ! Malgré cette union, Louis ne reconnait pas le petit Pierre qui vient d'avoir 20 mois.

Lors du recensement de population de l'année 1866, effectué en juin, on peut s'apercevoir que la communauté familiale PONTOIZEAU au Caillou Blanc s’agrandit rapidement. 

Extrait du recensement de population Challans 1866.
Le petit Pierre, enfant naturel d'Henriette est nommé PEROCHAUD par erreur ...
Aparté : le patriarche du Caillou Blanc est dit cultivateur-colon lors des recensements suivants, vous trouverez une définition du colonage partiaire ici

Le petit Pierre, le fils naturel d'Henriette et neveu de Rose, meurt le 12 août de la même année à 27 mois. C'est le premier décès d'enfant en bas âge de la communauté familiale PONTOIZEAU. C'est Baptiste qui ira faire la déclaration du décès.

Rose s'installe dans la routine de son labeur au Caillou Blanc lorsque vient sa cinquième grossesse à l'automne 1867. Durant cette grossesse, en décembre, elle apprend le décès de son frère François à l'âge de 31 ans ! Ce dernier laisse une veuve et deux fillettes de 2 ans et 2 mois ...

La grossesse de Rose touche à sa fin, et le 5 avril 1868 en milieu d'après midi, François Victor voit le jour. Rose va avoir 37 ans dans quelques jours. Le lendemain, Baptiste et son beau-frère Louis PEROCHAUD se rendent à la mairie pour faire la déclaration officielle de la naissance.

Peu après cette naissance, le propriétaire de la métairie, Philippe YGNARD vient à mourir dans son logis des Chênes à l'âge de 74 ans. C'est maintenant, son fils Charles "Alfred" (1824-1889), qui devient le seul propriétaire et bailleur de la communauté familiale PONTOIZEAU. Ce dernier, par le biais d'une donation en 1865 et du décès de son frère cadet en 1867, était déjà propriétaire d'une partie des biens paternels.

Les jours et les saisons passent au fil des travaux agricoles et domestiques, Rose est maintenant une mère de famille comblée et à la fleur de l'âge.

En juin 1869, le 9, c'est la noce au Caillou Blanc. Le beau-frère de Rose, Auguste, a dit oui à sa fiancée Françoise VRIGNAUD (1840-1900), une domestique des Echarneaux de Challans, orpheline et âgée de 28 ans, qu'il fréquentait depuis peu. Lors de cette noce, Rose revoit ses anciens patrons, Jean HUGUET et son épouse. Ce dernier étant l'oncle et le témoin du marié !
Avec ce mariage, et la décision d'Auguste de quitter la métairie, la communauté familiale va être un peu chamboulée et les bras d'Auguste vont manquer. Le jeune couple s'installe sur la commune voisine de la Garnache.

Un nouveau deuil dans la "grande" fratrie de Rose : sa sœur Marie épouse BABU, décède prématurément le 15 mai 1870 chez elle aux Fillées des Rouches de la commune de Notre-Dame de Riez. Marie avait 44 ans.

La quarantaine 

L'horloge tourne, témoin du temps qui passe, Rose vient d'avoir 40 ans ce 25 avril 1871. Sait-elle qu'elle n'enfantera plus ?

Le retour à la ferme  - Julien DUPRE (1851-1910)

Quelques semaines plus tard, un mois après sa naissance, le quatrième enfant de sa belle-sœur Henriette meurt fin août. C'est le deuxième enfant qui meurt au Caillou Blanc ... 
Rose se sent chanceuse de n'avoir perdu aucun de ses cinq enfants, elle pense aussi à sa petite sœur Rosalie, qui vient de perdre ses 3 enfants en bas-âge en 3 ans ! De part cet état de fait, Rose relativise sans doute les soucis de ses fils. En effet, Auguste, 10 ans, souffre de bégaiements et Jean, qui n'a pas encore 6 ans, fait de l'épilepsie ...

En novembre, le 21 plus précisément, le bail à ferme pour la métairie est renouvelé par le propriétaire, Charles "Alfred" YGNARD, pour 6 années à compter du 29 septembre de l'année suivante, 1872. 



Ce bail est rédigé par Me HERBERT en son étude du bourg de Challans. Ce renouvellement de bail nous apprend, outre les conditions d'exploitation habituelles, que :
  • les preneurs exploiteront 53 hectares, surface comprenant bâtiments d'habitations et d'exploitations, cairoy, ruages, jardin, prés et terres labourables et prés marais.
  • défricheront le plus grand des deux prés de la Davière afin de pouvoir le mettre en culture, puis après deux récoltes, faire de même pour l'autre près de la Davière. Les preneurs seront obligés de bien niveler les terrains.
  • s'engagent à exercer la plus sévère surveillance sur leurs enfants, domestiques et bestiaux (!).
  • abandonneront au bailleur un hectare de terre à défricher pour y planter les plants et graines fournis par ledit bailleur.
  • abandonneront au bailleur 80 ares de terre pour y planter une vigne, à charge pour les preneurs de faire toutes les "guéritures" (travaux de la terre) nécessaires pour la plantation et fournir la moitié de la main d'oeuvre pour ladite plantation.
  • le bailleur se réserve "pour l'amélioration en grand de la propriété des Chênes la direction des eaux sur les terres de la métairie affermée".
  • le cheptel en bestiaux est d'une valeur de 500 francs.
  • le prix du fermage consenti et accepté est de 1000 francs par an, payable en deux termes, le 29 septembre et le 25 décembre. Le premier paiement au 29 septembre 1873.


Le fils aîné de Rose et Baptiste, Jean-Louis, est maintenant un adolescent de 14 ans et son aide à la métairie est précieuse pour son oncle, son père et son grand père, le patriarche PONTOIZEAU.

Recensement de population Challans 1872

L'année 1873 voit arriver un nouvel enfant au Caillou Blanc, en effet, Henriette donne naissance à son cinquième enfant en août. La communauté familiale compte maintenant huit enfants ! Les plus grands aident les plus petits, quand aux adolescents de Rose et Baptiste, les garçons Jean et Auguste, ils aident les hommes aux travaux agricoles de la ferme.

Vient ensuite 1874 ...
Le patriarche, Louis PONTOIZEAU, qui vient d'avoir 65 ans en juillet, sans doute malade, décide de faire venir le notaire, Me HERBERT, au Caillou Blanc pour faire une donation entre époux avec Marie-Anne le 3 août. Cette donation est faite en présence du propriétaire Charles "Alfred" YGNARD.
Moins d'un mois plus tard, à 6 heures du matin, le 1er septembre, le patriarche s'éteint.
Son fils Baptiste et son gendre PEROCHAUD déclarent le décès 3 heures plus tard !

Quelques jours passent et toute la famille PONTOIZEAU se rend chez Me HERBERT pour gérer les suites du décès du patriarche, qui entraîne la dissolution de la société agricole créée en janvier 1864, comme l'article 3 le mentionnait. Ce 20 septembre, alors que tous les hommes de la famille ainsi que la veuve du patriarche sont chez le notaire, Rose est resté au Caillou Blanc avec sa belle sœur Henriette sur le point d'accoucher de son sixième enfant !
Cet acte notarié gère donc la dissolution de la société de la manière suivante :
  • La veuve, Auguste PONTOIZEAU et Louis PEIGNE pour son épouse Marie-Rose PONTOIZEAU, cèdent leurs parts à Baptiste et Louis PEROCHAUD pour son épouse Henriette, pour moitié chacun.
  • la cession est consentie et acceptée moyennant :
    • pour Auguste : la somme de 214 francs et 80 centimes,
    • pour Louis PEIGNE : la somme de 9 francs 80 centimes,
    • pour la veuve : la somme de 151 francs et 70 centimes.
  • la cession est consentie à la charge pour les cessionnaires de payer le prix de la ferme de l'année courante ainsi que les autres charges et dettes.
  • la part des cédants est évaluée à 600 francs.

Un nouveau cycle

Par cet acte, Baptiste et son beau-frère deviennent tacitement et à part égale les exploitants du Caillou-Blanc. Rose, quant à elle, devient à moitié, et enfin, la patronne de la métairie !
Même si sa belle-mère reste vivre avec eux ...

La traite - Julien DUPRE (1851-1910)

Quelques jours plus tard, Henriette accouche donc au Caillou Blanc dans le milieu de la nuit du 28 au 29 d'un fils. Rose l'assiste pendant que les hommes de la métairie partent faire la déclaration officielle.

L'automne passe, l'hiver est là lorsque Louis, le beau-frère PEROCHAUD, va faire à l'administration la déclaration de succession de son beau-père, le 2 février 1875. Cette déclaration nous apprend que la métairie du Caillou Blanc compte un beau cheptel dont une bonne partie appartient à la société récemment dissoute :
  • Moutons et brebis pour une valeur estimée à 123 francs
  • Vaches pour une valeur estimée à 330 francs
  • Veaux pour une valeur estimée à 240 francs
  • Génisses et taureaux pour une valeur estimée à 320 francs
  • Bœufs pour une valeur estimée à 790 francs
  • truie et cochons pour une valeur estimée à 80 francs
    • soit un total de 1883 francs dont 500 francs pour le propriétaire
      • soit pour la société un cheptel de 1383 francs
  • les autres valeurs mobilières de la société (meubles, outils, matériels et instruments de travail, bois et récoltes) sont estimées à 1305 francs
  • toutes les valeurs de la société PONTOIZEAU sont donc estimées à 2688 francs
    • dont 4/16 pour le couple du patriarche défunt soit 672 francs
      • soit pour la succession du patriarche 336 francs

Au printemps, quelques jours après ses 44 ans,  Rose apprend que son frère aîné Jean, âgé de 55 ans, journalier de son état, vient de mourir dans le village homonyme de la métairie, le Caillou Blanc ! Il laisse une veuve avec trois filles de 16, 14 et 10 ans ...

En janvier 1876, la métairie est encore en deuil, deux décès successifs que Baptiste et son beau-frère Louis iront déclarer :
  • le 3, Joseph, le dernier fils d'Henriette et Louis, meurt à 15 mois, 
  • le 10, c'est un frère PEROCHAUD, Alexis, qui décède célibataire à l'âge 38 ans, il était domestique dans le village de Chambourg.
Avec ces décès, la doyenne du Caillou Blanc, Marie-Anne, veuve du patriarche, vient de perdre un petit fils et un fils !

Lors du recensement de l'année 1876, plusieurs coquilles, l'agent a rajeunit Rose de 10 ans ! Outre les prénoms fluctuants comme depuis toujours, l'agent a aussi nommé la doyenne par le nom de son premier époux ...

Recensement de population Challans 1876
Durant cette année 1876, Henriette et Louis auront une petite fille, Rosalie qui ne vivra que 4 mois ...
Rose fut-elle sa marraine ?

L'année 1877 commence juste lorsque la grande faucheuse repasse par la métairie du Caillou Blanc. La doyenne, la veuve du patriarche, Marie-Anne JOLLY, s'éteint le 23 janvier à 23 heures à l'âge de 65 ans. C'est Baptiste, se disant son gendre (alors qu'il était son beau fils), qui déclare ledit décès à la mairie le lendemain dans la matinée. Quelques mois plus tard, pour l'administration de l'Enregistrement, la mairie de Challans établira un certificat de carence pour la succession.

Pour Rose, cette disparition lui permet de devenir la doyenne de la métairie, en a-t-elle conscience ?!

Rose est de nouveau endeuillée en avril : sa petite sœur Rosalie est morte à 31 ans sur la commune voisine de Soullans. Rosalie, après avoir enfantée cinq fois, laisse à son mari, Pierre JOUBERT (1841-1909) la charge d'un seul garçonnet de 5 ans (qui décédera à l'âge de 12 ans ...).

Au cœur de l'été, en pleine période de moissons, un peu de joie dans la métairie : un nouveau-né. 
Henriette, qui n'a pas encore 35 ans, vient d'être délivrée de sa huitième grossesse, un fils, Jean Pierre

Tableau de Julien DUPRE (1851-1910)

En novembre, les deux beaux frères, Baptiste PONTOIZEAU et Louis PEROCHAUD, ont rendez-vous avec le propriétaire, Charles "Alfred" YGNARD, chez le notaire Me HERBERT pour le renouvellement du bail de la métairie. Ce renouvellement est acté le 27. Cette fois, le bail est signé pour 4 années à compter du 29 septembre 1878. Aucune nouvelle condition d'exploitation, le prix du bail est toujours de 1000 francs par an, mais en un seul paiement annuel dont le premier paiement le 29 septembre 1879.



Les difficiles dernières années

Au printemps 1878, Rose et Baptiste, sont sans doute fier de leur fils aîné, Jean Louis 20 ans, qui a rendez-vous au conseil de révision dans le bourg. On y apprend qu'il mesure 1 mètre 69 centimètres, a les cheveux châtains clair et les yeux bleus et qu'il est "bon pour le service". Il sera donc incorporé à l'automne au régiment d'infanterie de la Roche sur Yon, le chef lieu du département de la Vendée, puis après ses "classes", il part au régiment d'artillerie de Vannes dans le Morbihan.

En 1879, au Caillou Blanc, le fils aîné parti au service, ses bras manquent pour les travaux agricoles. Même si les autres fils adolescents de Rose et Baptiste, Auguste 18 ans et Jean 13 ans, sont là pour prêter mains fortes aux métayers. Tandis que les cousines, Marie-Rose 16 ans et Marie 13 ans aident leurs mères. Les "petits", François 10 ans et Jean 9 ans, sont affectés à des tâches en adéquation avec leurs capacités. La communauté familiale gère tant bien que mal la métairie. 

Tableau de Julien DUPRE (1851-1910)

A l'automne, le fils de Rose revient de son service militaire.


Une nouvelle décennie est maintenant là et l'année 1880 apporte encore son lot de deuils pour Rose.
Tout d'abord, Henriette, sa belle sœur, sans doute épuisée par ses nombreuses grossesses, se meurt et décède le 20 mai peu après minuit à l'âge de 37 ans dans son lit au Caillou Blanc. 
Par ce décès, Rose devient la seule femme de la métairie, que de travail pour une seule femme !
La vie à la métairie est totalement différente avec ce deuil.
Quelques mois après, Rose apprend le décès de sa sœur cadette Marie. Cette dernière est morte le 2 septembre à l'âge de 40 ans dans le village des Landes. Elle laisse à son mari, Pierre Jean TOUZEAU (1838-1908), leur huit enfants dont le petit dernier, Théophile, n'a que 5 mois (ce dernier épousera en 1905 une petite fille de Rose !). Après ce décès, Pierre TOUZEAU et ses enfants s'installent dans la métairie des Rigonnières, proche de celle du Caillou Blanc.

L'année 1880 se termine, et 1881 commence ... Rose a maintenant 50 ans et sa charge de travail à la métairie depuis la disparition de sa belle-sœur l'épuise.

Tableau de Julien DUPRE (1851-1910)

C'est donc, sans aucun doute, usée par son labeur que Rose s'éteint le matin du 5 juillet vers les 7 heures.

Baptiste, après avoir perdu sa sœur Henriette, avec qui il a passé toute sa vie, vient maintenant de perdre Rose, son épouse depuis près de 25 ans. 



Ses enfants, Jean Louis 23 ans, Auguste 20 ans, Marie Rose 18 ans, Jean 15 ans et François 13 ans, accompagnent Rose jusqu'à sa dernière demeure.

Après le décès de Rose, la vie au Caillou Blanc devient très compliquée.
Le 1er octobre suivant, Me LAURENT, notaire de Challans, vient à la métairie pour y faire l'inventaire des biens "professionnels" de la communauté suite aux décès des épouses des métayers. Avec cet inventaire, on va pouvoir connaitre l'environnement professionnel de Rose avant sa disparition.
  • Cheptel :
    • deux grands bœufs
    • deux autres bœufs
    • deux bœufs de 3 ans
    • deux veaux de 2 ans
    • deux vaches
    • une génisse noire de 2 ans
    • un petit veau de 1 an
    • une petite génisse de 1 an
    • une génisse maraîchine et une petite génisse de l'année
    • cochons
    • coq, poules et poulets
      • on peut s'apercevoir que depuis 1875, ils se sont débarrassés des moutons.
  • Ustensiles aratoires et objets mobiliers :
    • une charrette garnie
    • un tombereau et une vieille roue
    • une petite charrette garnie
    • un vieux versoir
    • un autre versoir
    • une charrue et accessoires
    • deux petits versoirs
    • une meule à aiguiser
    • deux herses
    • deux mauvais versoirs
    • six béchoirs et deux fourches
    • trois socs et contre
    • jougs et courroies
    • un fauchet et un râteau
    • une petite scie à main en ferraille
    • un peigne à lin
    • une hache
    • un crible, un passeur et un tamis
    • pelles à four et travouil
    • une poêle à lessive et huit faucilles
    • trois crochets et un panier
    • un essuie main et un cor
    • un brancard et une pelle de fer

Cet acte m'apprend aussi que la communauté était endettée quasiment à la hauteur de l'actif. C'est pour cela que pour la succession de Rose, la mairie établira un certificat de carence au début de l'année 1882.
Après la rédaction de cet acte, Louis PEROCHAUD et ses enfants quittent le Caillou Blanc malgré le bail qui le lie à son propriétaire (d'ailleurs je ne retrouve pas sa famille lors du recensement de 1881) .

Recensement de population Challans 1881 - effectué entre décembre 1881 et janvier 1882, document non daté !

Baptiste y reste avec ses enfants encore quelques mois, jusqu'à la fin du bail en septembre 1882 ... avant de mourir à son tour en octobre de ladite année 1882 à l'hôpital de Challans. J'ai encore quelques actes notariés à découvrir sur cette période ...


Ainsi s'achève donc l'existence de mon aïeule Rose MARTINEAU, cette invisible vendéenne sortie des méandres du temps par le biais de mes recherches.

J'espère que ces deux billets vous auront donné l'envie de sortir vos invisibles de la pénombre  ...


mardi 9 juillet 2019

Rose, une invisible vendéenne du XIXème siècle - Première partie

Il y a 138 ans, disparaissait une aïeule, une invisible comme nous les généalogistes qualifions les ancêtres qui n'ont laissé que peu de trace de leur passage dans ce monde. 
Elise LENOBLE, dans son blog "Auprès de nos racines" fut la première à employer ce qualificatif il y a quelques années avec ce billet : "Histoire familiale : comment parler des Invisibles".
Malgré ce qualificatif, si l'on s'en donne la peine, chaque invisible a pourtant laissé dans nos archives, quelques traces. 
En voici l'exemple avec "mon" invisible mise en avant en ce jour anniversaire de sa disparition.

Cette aïeule décédée le 5 juillet 1881, est Rose Marie MARTINEAU, mon arrière arrière grand mère. 
Au fil du temps, Rose pourra être prénommée Marie-Rose ou simplement Marie.


Remontons encore le temps, seulement 50 ans plus tôt, pour en arriver à la naissance de Rose.

Son enfance

Le 25 avril 1831, dans la maison familiale de Louis MARTINEAU, cabaretier et laboureur âgé de 34 ans, son épouse Rose ROBIN, du même âge, accouche vers 15 heures de son sixième enfant. Rose pousse donc son premier cri, dans cette maison base typique du marais breton vendéen, dans le village dit du moulin de la Chaussée de la commune du Perrier. Moulin de la Chaussée puisque, devant ladite maison familiale, trône un moulin à vent, propriété actuelle du meunier Joseph MOUILLEAU, mais autrefois propriété du grand père maternel de Louis. La route (aujourd'hui simple chemin) qui sépare la maison du moulin est la route qui mène de Challans à St Jean de Monts, d'où l'emplacement idéal pour un cabaret !

Le moulin de la Chaussée aujourd'hui, à gauche de la photo et du chemin l'emplacement de la maison MARTINEAU

Ses parents se sont unis en l'an 1817 dans la commune natale de sa mère, Challans, voisine de celle du Perrier.
A sa naissance, Rose n'avait plus aucun grand parent vivant.

Avant Rose, sa mère avait donc donné la vie déjà cinq fois dans ladite maison  : 
  1. Louis Pierre (1818 - à lire : une épine collatérale)
  2. Jean Louis (1819-1875)
  3. Pierre Louis (1821-1821)
  4. Pierre Louis (1823-1855)
  5. Rose "Marie" (1826-1870)
La double profession de son père, lui vient de sa défunte mère, Marie Anne ARTUS (1768-1825). Elle même avait repris l'activité de sa belle mère Rose VERONNEAU (1740-1805) veuve MARTINEAU qui tenait déjà du temps des troubles vendéens cabaret dans sa maison près du bourg. D'ailleurs, sa belle mère dite "Rousotte MARTINEAU" est citée dans cet article d'un généalogiste vendéen d'après les archives paroissiales par Mr le curé MULOT : http:/p.martineau.free.fr/soullans/20.html.

Mais revenons en à Rose ...

Dans le logement voisin et mitoyen, vit sa tante paternelle, Marie (1792-1852) et son époux Pierre BURGAUD (1783-1839) et leur dernière née, Rosalie (1824-1860).

Extrait du cadastre napoléonien de la commune du Perrier de 1831
Rose fait donc ses premiers pas très entourée, même si ses frères aînés sont déjà placés comme domestique dans des fermes environnantes.

En août 1833, le jour de ses 28 mois, elle accueille un petit frère, Joseph (1833-1907).

Malheureusement, seulement quelques mois plus tard, au milieu de la nuit le 12 au 13 mars 1834, sa mère, Rose ROBIN, meurt prématurément à 37 ans. La petite Rose n'a pas encore 3 ans !

Le cours de sa vie va être chamboulée ...

Tout d'abord, Louis abandonne sa maison et sa double activité, et emménage avec ses enfants dans une borderie distante de quelques centaines de mètres mais sur la commune de Challans, la borderie du petit Breuil près de la Bigotterie (qui appartient à son oncle maternel Mathurin ARTUS (1769-1841)). 
Ensuite, son père retrouve rapidement une compagne et moins d'un an après son veuvage, Louis, âgé de 38 ans, épouse Marie ERAUD (1808-1856), âgée de 26 ans, le 18 février 1835 au Perrier (après la signature d'un contrat de mariage le dernier jour de l'année 1834). 

Extrait du cadastre napoléonien de la commune de Challans 1832

Rose vient d'avoir 4 ans.

Recensement de population de Challans en 1836
Dès lors, sa belle mère, qui l'élève, donne naissance à plusieurs enfants :
  • Pierre "François" (1836-1867)
  • Jean Henri dit Jean-Marie (1837-1893)
  • Marie Rose (1840-1880)
Rose atteint ses 10 ans, je suppose qu'elle aide déjà sa belle mère pour les petites tâches ménagères de la borderie. Rose n'ayant jamais eu d'instruction, elle ne saura jamais ni lire ni écrire.

Recensement de population de Challans en 1841

Un nouveau petit frère voit le jour, Augustin Pierre dit Auguste (1842-1920). Ce petit frère est arrivé seulement quelques jours après que la décision est été prise de retourner dans la maison de la Chaussée ...
Et, il est alors temps pour elle, comme ses frères et sœur aînés auparavant, d'être placé comme servante de ferme.

Pas encore adolescente, Rose doit donc quitter le foyer paternel pour gagner et faire sa propre vie.

Carte postale d'illustration, j'y vois Rose et ses frères 

Déjà au travail

Elle entre aux services de la famille DEVINEAU, dont le patriarche, Jacques (1777-1852) est métayer à la Noue du Pay, métairie de la commune de Challans.

Extrait du cadastre napoléonien de la commune de Challans 1832

A cette époque, la famille DEVINEAU est ainsi composée : le père Jacques, Marie-Anne PAPON (1784-1850) son épouse et leurs enfants, Rosalie (1811), Marie-Jeanne (1813), Louis (1815-1846), Victoire (1819), Jacques (1824-1846) et Marie (1828-1888). 

De la routine du labeur de Rose, les jours, les semaines et les mois passent. 

Elle apprend la naissance d'une sœur en 1845 après le retour de la famille MARTINEAU dans la maison du moulin de la Chaussée, puis le mariage de son frère aîné Pierre Louis en 1846 (est-elle de la fête ?), et devient en même temps tante et grande sœur en 1847 et 1848. 

Entre temps, à la Noue du Pay, les filles Rosalie et Marie-Jeanne se sont mariées et ont quittées la métairie. Les fils Louis et Jacques sont décédés prématurément. 

Recensement de population de Challans 1846, Rose est dite âgée de 13 ans, elle en a 15 !

Et en septembre 1846, la dernière fille, âgée de 18 ans épouse Jean HUGUET (1819-1889) qui s'installe à la métairie pour seconder le patriarche qui approche les 70 ans. Deux ans plus tard, c'est Victoire, âgée de 29 ans qui se marie enfin avec Jean BRITON (1819), le couple reste aussi à la métairie. Puis, la "patronne", Marie-Anne PAPON, décède le 2 janvier 1850 à l'âge de 65 ans.

Recensement de population de Challans 1851

En 1851, la belle mère de Rose, âgée de 42 ans donne naissance à son dernier enfant, un enfant mort-né. Quelques jours plus tard, Rose a 20 ans.

Servante dans la même métairie depuis des années, elle est maintenant une jeune femme. 

Au décès du patriarche de la Noue du Pay au début du mois de mars 1852, elle ne quitte pas la métairie et devient la servante du couple HUGUET-DEVINEAU, qui ont deux fils nés en 1847 et 1852.

Dans les premières années de 1850, ses frères et sœur aînés se sont unis. Son frère Pierre Louis est même décédé en janvier 1855 à l'âge de 31 ans sur un chantier alors qu'il était terrassier dans la commune de Barbâtre sur l’île proche de Noirmoutier.

Recensement de population de Challans 1856

Pendant ce temps là, à la Noue du Pay, le patron reçoit de temps à autre son neveu Jean "Baptiste" Louis PONTOIZEAU (1832-1882) qui vit et exploite avec son père, Louis (1809-1874), la métairie du Ballon dans le quartier dit des Chênes, non loin de là. Le jeune homme boiteux, prénommé Baptiste en famille mais aussi souvent Jean-Louis, lui fait la cour et très vite l'annonce est faite d'un mariage.

Carte postale d'illustration, j'y vois Rose et Baptiste endimanchés

Une communauté familiale

Le mariage est célébré le 5 novembre 1856 à la mairie de Challans à 10 heures du matin.
Baptiste a 24 ans et Rose 25. Leurs pères, deux Louis, sont présents et consentants.
Baptiste, tout comme Rose fut orphelin de mère dans l'enfance et son père est donc accompagné de sa seconde épouse Rose ABILLARD (1797-1863), tandis que le père de Rose est veuf depuis quelques semaines. Son patron, Jean HUGUET est son témoin, et devient ainsi son oncle par alliance. Mariés, parents et témoins déclarent ne savoir signer.

Après de nombreuses années passées à la Noue du Pay au service de la famille DEVINEAU puis HUGUETRose s'installe dans la communauté familiale PONTOIZEAU au Ballon, sous l'autorité de son beau-père. A son arrivée dans la famille PONTOIZEAU, le foyer est ainsi composé :
  • le patriache, Louis 47 ans, 
  • son épouse, Rose ABILLARD, 59 ans, 
  • Baptiste, 24 ans, 
  • Auguste, 22 ans,
  • Marie-Rose, 18 ans
  • et Henriette, 14 ans.
Extrait du cadastre napoléonien de Challans 1832

Elle a tout juste pris ses repères au Ballon, lorsque très vite Rose est enceinte.

Son premier enfant voit le jour le 7 septembre 1857 à 23 heures, il est prénommé Jean-Louis.

Seulement quelques jours plus tard, elle apprend le décès de son père. Louis MARTINEAU est mort chez lui dans sa maison au moulin de la Chaussée, le jour de son anniversaire, le 28 septembre. Il avait 61 ans.

Très rapidement après le deuil, la succession du père MARTINEAU est gérée par l'ensemble de la nombreuse fratrie. A cet événement, la fratrie compte 10 enfants vivants dont de nombreux encore mineurs (mais 11 héritiers avec son neveu orphelin). Les "petits" MARTINEAU sont tous placés comme domestique ou servante dans les environs :
  1. Jean-Marie, 20 ans, domestique à la Guelerie de Soullans, 
  2. Marie, 17 ans, domestique aux Rouches de Soullans, 
  3. Auguste, 15 ans, domestique à la grande Jalonnière de Sallertaine,
  4. Rosalie, 12 ans, domestique au Porteau de Challans, 
  5. Louis, 9 ans est quant à lui placé à Bel Air du Perrier (sans doute dans la famille ?!).
Après un accord, la maison familiale, et son jardin attenant, est vendue. Nul besoin de chercher longtemps un acheteur, le meunier Joseph MOUILLEAU, propriétaire de nombreuses parcelles au moulin de la Chaussée, l'achète pour 300 francs en décembre par devant Me BOUHIER, notaire à Challans. 


Extrait de l'acte de vente

Les majeurs reçoivent chacun 27 francs et 27 centimes, et pour les mineurs, l'acheteur s'engage à les payer au fur et à mesure de leur majorité !

La maison natale de Rose quitte donc la famille MARTINEAU. Même si elle ne doit avoir aucun souvenir de sa prime enfance dans ladite maison, je ne doute pas que la vente de la maison ancestrale ne la touche. Celle de sa tante, a été vendue quelques années plut tôt, en 1853, après son décès.
La déclaration de succession de son père est faite en mars 1858.

Le jour de ses 49 ans, le 15 juillet 1858, par devant Me VIAUD-GRAND-MARAIS, notaire de Challans, le patriarche PONTOIZEAU prend en charge une métairie plus grande et installe sa communauté familiale à la métairie du Caillou Blanc, aussi dans le village des Chênes, à quelques centaines de mètres du Ballon. Cette métairie est une construction plus récente, puisqu'elle n'existait pas en 1832 à la création du cadastre de ladite commune.

Extrait d'une carte de 1887

Cette installation est actée pour septembre 1859, lors de la signature du bail avec le propriétaire, Philippe YGNARD (ou IGNARD) (1795-1868), avocat à Paris et propriétaire depuis une trentaine d'années des terres des Chênes, qui comportent outre le logis, plusieurs métairies et borderies, dont la métairie du Ballon que les PONTOIZEAU exploitaient auparavant.

logement de la métairie du Caillou Blanc aujourd'hui, quelques peu modifié et à l'abandon

Quelques saisons passent, Rose est maintenant sur le point de donner naissance à son deuxième enfant en ce début d'année 1861. Le petit Auguste voit le jour le 12 février à 23 heures. Son oncle paternel (et parrain), Auguste et son grand père déclarent sa naissance à la mairie le lendemain. Baptiste est sans doute resté auprès de son épouse.

Les semaines passent, le printemps est là et Rose a 30 ans. 

Recensement de population de Challans 1861, l'âge de Rose (Marie) et son époux est erroné, et surtout le lieu ne correspond pas, même si le Ballon et le Caillou Blanc sont des métairies voisines.

Puis quelques mois passent, et elle est de nouveau enceinte.
Elle met au monde sa première fille le 16 décembre 1862 à midi, Marie-Rose Angélique.
Cette fois ci, Baptiste, son frère Auguste et son père Louis font la déclaration à la mairie.

Seulement quelques semaines plus tard, la femme du patriarche du Caillou Blanc, Rose ABILLARD, décède dans la nuit du 5 au 6 mars 1863. Elle était âgée de 65 ans, ses beaux fils Baptiste et Auguste déclarent son décès.
Avec ce décès, Rose devient la seule femme de la métairie, même si ses belles soeurs, Marie-Rose 24 ans et Henriette 20 ans, sont devenues des jeunes filles "bonnes à marier".

Son beau-père décide rapidement de se remarier et c'est chose faite en novembre.
C'est donc jour de noces, le 6 novembre au Caillou Blanc, Louis, alors âgé de 54 ans, vient d'épouser en troisième noce Marie-Anne JOLLY, veuve de Jean PEROCHAUD (1809-1862), âgée de 51 ans. Le couple PEROCHAUD vivait non loin, dans la ferme des Rigonnières des Chênes. Marie-Anne rejoint donc la communauté familiale PONTOIZEAU au Caillou Blanc avec sa dernière fille Marie (1846-1908).

Pour une meilleure gestion, le patriarche décide de créer une société agricole, comme il l'avait fait jadis avec ses premières épouses. Cette création est faite devant notaire, Me HERBERT, en son étude dans le bourg de Challans, le 1er janvier 1864, tous les membres sont présents, sauf Rose restée à la métairie avec ses enfants. 

"Plusieurs articles définissent ladite société :
  1. Création pour l'exploitation de ladite métairie du Caillou Blanc
  2. PONTOIZEAU père est le chef et administrateur 
  3. La durée de la société est illimitée, seul le décès de PONTOIZEAU père mettra fin à ladite société. Le départ ou décès des autres membres n'entraîneront aucun changement.
  4. chaque membre y apporte ses biens meubles ainsi que son travail. Si un des enfants quitte la société, ses biens y resteront.
  5. tous les membres de la société seront nourris, vétus, chauffés et soignés par la société tout le temps de leur présence dans ladite société.
  6. la société est fondée aux proportions suivantes : 
    • le couple fondateur pour 4/16,
    • et les enfants pour 12/16 à part égale.
  7. en cas de départ ou décès des enfants PONTOIZEAU, eux ou leurs héritiers pour la valeur de leurs biens resteront néanmoins dans la société jusqu'au décès de PONTOIZEAU père."
Cet acte est rédigé en présence des trois fils de Marie-Anne JOLLY :
  • Jean (1835)
  • Alexis (1838-1876)
  • Jean "Louis" (1842-1898), tous les trois domestique sur la commune.
Voici donc au 1er janvier 1864, la communauté familiale PONTOIZEAU établie en société agricole en bonne et due forme. Pour le quotidien de Rose, rien ne change ... si ce n'est qu'une nouvelle femme devient sa "patronne".

Peu après, le patriarche ne décolère pas lorsqu'il apprend que sa cadette, Henriette, est enceinte ! Rose était sans doute dans la confidence depuis quelques temps. 
C'est à cette même période que son autre belle sœur, Marie-Rose épouse Louis PEIGNE (1832-1900) un jeune veuf de 31 ans. Cette union est célébrée le 1er février 1864. Marie-Rose quitte donc la communauté familiale pour s'installer avec son époux au village des Vignes.

Avec l'aide de Rose et de sa belle-mère, mais aussi et surtout de la sage-femme Gracieuse TESSON, Henriette, alors âgée de 21 ans, accouche d'un petit garçon le 8 mai au matin. Il est prénommé Joseph "Pierre". Il y a maintenant quatre enfants au Caillou Blanc.