Pour mon billet correspondant à la lettre E du challengeAZ, j'ai décidé de vous parler d'une Emancipation.
Aujourd'hui, l'on connait l'émancipation des mineurs mais j'ai appris, il y a peu, que même les majeurs pouvaient être émanciper sous l'ancien régime.
Cette émancipation prenait surtout acte de la prise de distance vis-à-vis de l'autorité patriarcal séculaire.
J'ai retrouvé un article sur le site Histoire-généalogie.com datant de 2001 qui relate deux exemples d'émancipation sous l'ancien régime.
J'ai retrouvé un cas dans mon ascendance, dans un jugement rendu par le sénéchal de la baronnie de Maillezais en Vendée le 15 février 1683.
Il s'agit de l'émancipation de Françoise ANGIBAUD (1655-1706), sosa 1579 & 3567, fille d'André (ca 1612-1691), maréchal sur la paroisse de Maillezais, et de Madeleine PRUNIER (ca 1618-1686).
Ce jugement se trouve dans la série B des archives, série concernant la justice sous l'ancien régime.
C'est dans les registres des audiences ordinaires et sommaires que j'ai mis la main sur cette émancipation.
Malgré quelques soucis de transcription, j'ai pu comprendre le sens global du jugement qui part de l'initiative du père de famille, qui souhaite que sa fille puisse jouir de ses salaires, mais lui adjoint tout de même un curateur aux causes, son oncle maternel Pierre PRUNIER (vraisemblablement né en 1635).
En voici la teneur, avec ma version de sa transcription, partielle puisque quelques mots, termes m'échappent ... :
Aujourd'hui (...)
(...) comparu par devant nous René DAUDETTEAU
séneschal et juge civil et consul de cette
baronnie de Maillezais André ANGIBAUD
mareschal dem. en ce lieu lequel nous a requis
acte de ce quil a mis hors de sa puisance
Françoise ANGIBAUD sa fille pour recueillir
ses salaires et services dequels qualités quils
puissent eltre ou de ceux quelle (acceptera?)
faire en la maison dudit David FOURNEAU greffier
de cette cour et ceux quelle pourra cy après
quand tou aut lieux quelle pourra servir cy
après à plucieurs sesd services et profit comme
eltre un bien eltre à son (...)
renonser à rien prétandre toutefois soug
controlle de Pierre PRUNIER son oncle quil
requier luy eltre (...) par son ceur (curateur) aux
causes lequel po (pour) en eltre fournis dont
acte et voulan des (...) dudit ANGIBAUD
nous avons mis et mettons lad ANGIBAUD
hors la puissance dudit ANGIBAUD son
père pour jouir de ces salaires et (...)
soubs controlle dudit PRUNIER et luy
avons (...) par son ceur (curateur) aux causes
lequel précent a accepté lad charge
la accepte lad charge et (...)
(...) a requis et ont lesdits
ANGIBAUD et PRUNIER desclare ne savoir
signer du requis fait par nous ledit
DAUDETTEAU seneschal susdit.
Tout ce qui est écrit dans la marge ne concerne pas (à ce que je peux en comprendre) l'émancipation de Françoise.
Pour résumé ce jugement, le sénéchal prend acte que Françoise s'émancipe de l'autorité de son père pour profiter seule de ses salaires, du fait de son travail chez le greffier de la baronnie, David FOURNEAU, ou ailleurs par la suite. Mais son oncle maternel, Pierre PRUNIER, devient son curateur aux causes pour "contrôler" la gestion de Françoise.
En novembre de cette même année 1683, Françoise s'unit avec Jean GRIZEAU (ca 1651-1716), laboureur de ladite paroisse.
Une fille émancipée c'est beaucoup plus rare qu'un homme. Il faut penser à aller voir la série B ... et quelle découverte !
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